Présidence tournante de l’UE: «La Belgique est viscéralement attachée à la construction européenne»
Ce lundi 1er janvier 2024, la Belgique prend la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne après une présidence espagnole quelque peu tronquée, la faute à la crise politique dans la péninsule suite aux élections de juillet 2023.
Avec plus de 150 dossiers à traiter et des élections européennes début juin, sans compter les élections fédérales belges qui sont prévues le même jour, Bruxelles va devoir s’activer pour clore cette législature, mais aussi pour préparer la suivante.
Entretien avec Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors de 2017 à 2023 et aujourd’hui conseiller spécial au Centre Grande Europe sur l’élargissement.
RFI : Quels sont les enjeux et les objectifs fixés par la Belgique pour ces six prochains mois de présidence du Conseil de l’Union européenne ?
Sébastien Maillard : L’enjeu de cette présidence belge, c’est de bien terminer la législature européenne puisque des élections sont prévues le 9 juin, c’est-à-dire pendant cette présidence semestrielle. Elle doit donc aussi orienter le débat stratégique pour préparer la suite, autrement dit le prochain cycle européen, les cinq prochaines années.
Pour bien finir la législature, elle hérite de ce qu’a fait la présidence espagnole qui finalement n’a quand même pas démérité puisque si on regarde la toute dernière ligne droite de cette présidence, elle a pu boucler des gros dossiers. Je pense au pacte de stabilité (les règles budgétaires) ou au pacte sur l’immigration.
C’est d’autant moins de travail dont la Belgique hérite.Un des gros dossiers qu’elle va devoir tout de même traiter sera la révision de ce qu’on appelle le cadre financier pluriannuel, c’est-à-dire le budget européen pour les prochaines années, et puis aussi veiller à ce que l’aide à l’Ukraine ne faiblisse pas.
La Belgique a donc des enjeux à la fois internes et géopolitiques à porter, mais elle va devoir aussi orienter les débats puisqu’on approche des élections européennes. Il faut déjà préparer la feuille de route de la prochaine Commission européenne, animer ce débat pour vraiment déterminer vers quoi l’Europe veut se diriger.Et la Belgique n’a pas beaucoup de temps. Elle ne dispose que de trois mois utiles pour boucler les dossiers législatifs étant donné qu’à compter du 25 avril, le Parlement européen ne pourra plus co-légiférer.
RFI