Tchad: le taux de participation, principal enjeu du référendum constitutionnel du 17 décembre?

Au Tchad, que ce soit les partisans du « oui », qui visent une victoire à plus de 80%, ou ceux qui militent pour le « non » qui parlent d’un scrutin joué d’avance, tout le monde est d’accord sur le fait que c’est le taux de participation qui va déterminer ou non la crédibilité de ce référendum constitutionnel du 17 décembre 2023. Reste également à déterminer – et c’est le deuxième enjeu de ce scrutin – avec quel pourcentage le « oui » va l’emporter.

Les partisans du « oui » mettent en avant une mobilisation sans précédent

Pour les tenants du « oui », cette victoire annoncée est le résultat d’une mobilisation sans précédent. Plus de 200 partis politiques ont adhéré à la « Coalition pour le oui » dirigée par le Premier ministre Saleh Kebzabo en personne. Ils ont sillonné le pays du nord au sud, et ont utilisé des moyens colossaux pour battre campagne. Ils estiment que leur appel à l’unité des Tchadiens a été entendu.

Quant aux partisans du « non » et ceux du boycott de ce scrutin, ils parlent, eux, d’un processus référendaire totalement sous contrôle du pouvoir de transition. Premier reproche : ils rappellent que le Dialogue national avait décidé que deux textes, un centré sur un État unitaire et l’autre sur un État fédéral, allaient être soumis au peuple pour qu’il départage les deux camps. Ce n’est pas ce qui a été fait ; le pouvoir de transition a finalement choisi de présenter le seul projet de Constitution unitaire ce dimanche.

Partisans du « non » et du boycott dénoncent un processus totalement sous contrôle

Ils dénoncent en outre pêle-mêle une Commission électorale dominée par le pouvoir, l’utilisation outrancière des moyens de l’État ou encore l’achat de conscience. Ce que les partisans du « oui » balaient d’un revers de la main en parlant de « mauvaise foi » de la part d’un camp divisé.

Or, de fait, les tenants du fédéralisme se sont fragmentés au fil du temps entre ceux qui appellent à voter « non », et ceux qui militent pour le boycott du scrutin. Et surtout, ils ne parviennent pas à se relever du ralliement au camp du « oui » du très populaire opposant Succès Masra, après son accord avec le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Deby.

Ce référendum constitutionnel constitue en tout cas une dernière ligne droite avant des élections générales prévues dans moins d’une année et qui doivent clôturer une transition mouvementée qui a débuté avec le décès de Idriss Deby père, fin avril 2021.

Elle a été marquée par une première prolongation de 24 mois de cette transition et surtout par la répression sanglante de l’opposition du 20 octobre 2022. Événement surnommé le « jeudi noir ».

Le Tchad, dont la classe politique est divisée entre État unitaire et État fédéral, est appelé à se prononcer le 17 décembre 2023 et à faire le choix entre ces deux formes de l’État. Mais au moment de ce choix crucial pour la société tchadienne, le principal enjeu de ce référendum constitutionnel ne semble plus être que « le taux de participation ».

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