Sommet Chine-UE: Pékin et Bruxelles reprennent langue dans un contexte mondial difficile

Depuis quatre ans, l’eau a coulé sous le pont sino-européen. Covid-19, guerre en Ukraine, déficit commercial abyssal… à Pékin comme à Bruxelles, les diplomates ont adopté un réalisme de circonstance. Personne ne parle plus de « déclaration commune » comme lors du « sommet des sourires » de 2019 – cela n’a d’ailleurs même pas été proposée. Cette fois, il s’agit surtout d’éviter le « dialogue de sourds » du sommet virtuel à la « grimace » d’avril dernier et de reconstruire la confiance. L’Europe entend se faire entendre sur des questions existentielles comme la guerre d’agression russe en Ukraine, dont jusqu’à présent, la Chine alliée de Moscou ne voulait pas entendre parler. A tel point que les prises de paroles des Européens sur le sujet étaient parfois censurées lors de la « traduction simultanée » des événements organisés par la Chine. Une journée de négociations, c’est déjà court ! Côté Européens, lors du déjeuner de travail entre Charles Michel, Ursula Von Der Leyen et Xi Jinping ce midi, puis tout à l’heure en fin de journée lors du dîner avec le Premier ministre chinois, Li Qiang, les pourparlers sont recentrés sur les questions géopolitiques en plus des tensions commerciales bilatérales.

Offensive de charme

Celle des investisseurs étrangers en général d’ailleurs, vu les difficultés auxquelles est confrontée la deuxième économie du monde. Mais pour l’Europe effectivement, il y a eu d’abord l’acceptation de toute une série de dialogues, suite à la visite du président du Conseil européen, Charles Michel, au début de l’année. Dialogue sur les droits humains, l’environnement, le numérique, le commerce, le dialogue stratégique aussi. Au total, huit commissaires européens ont fait le déplacement à Pékin cette année, avec quelques résultats concrets, notamment la volonté affichée par le gouvernement chinois de mieux protéger les entreprises étrangères. Et puis il y a eu ces gestes faits par Pékin ces dernières semaines : la levée des visas courts séjours pour des pays comme l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, les Pays Bas – bon évidemment les pays membres qui ne font pas partie de la short liste ne sont pas contents. La Chine a aussi levé ses sanctions contre la Lituanie. Et à Bruxelles, selon le South China Morning Post on a parlé de « préparatifs constructifs ». On attend maintenant les points presse des deux parties en fin de journée, pour savoir ce qu’auront donné concrètement ces nouvelles négociations.

Véhicules électriques et « derisking »

Le principal objectif des Chinois à ce sommet est de tenter de désamorcer la colère et le réveil des européens sur certains dossiers. Le tandem Charles Michel et Ursula Von der Leyen c’est un peu « bon flic, mauvais flic ». Il y a aussi bien entendu Josep Borrell le vice-président de la Commission européenne qui est là lui aussi. Les Européens jouent tous la même partition avec Pékin, mais l’annonce de l’ouverture d’une enquête antisubventions de l’UE sur les importations de véhicules électriques en provenance de Chine a ici été ressenti comme un coup de tonnerre. Plus de 200 milliards de yuans (26 milliards d’euros) ont été dépensés en aides et allégements fiscaux à la production de véhicules électriques en Chine entre 2009 et 2022. Soutien aussi aux fabricants de batteries en 2015. Les Européens ne souhaitent pas qu’on le refasse le coup des panneaux solaires. Ils font savoir que la notion de « derisking » (ou « dérisquage ») formulée par Von der Leyen et reprise par le G7 et les Américains ressemble à s’y méprendre à la « stratégie d’autosuffisance » lancée par Pékin avec des quotas de productions locales dans des secteurs clés. Côté Chinois, on a d’abord tonné contre un acte qualifié de « purement protectionniste » risquant, selon Pékin, de déstabiliser les chaînes d’approvisionnement et d’aller à l’encontre de la lutte commune contre le réchauffement. Et puis, selon les experts que nous avons appelés ici, Pékin comme cela été le cas pour les batteries, pourrait tenter d’améliorer les relations avec Bruxelles en incitant les constructeurs chinois de voitures électriques à ouvrir des usines en Europe contre une exemption de droits de douanes.

SOURCE RFI

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