Allemagne: le parti AfD confirmé «extrémiste de droite»

Le renseignement intérieur allemand a classé vendredi 2 mai l’ensemble du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), arrivé deuxième aux dernières législatives, comme un mouvement « extrémiste de droite avéré », ce qui permet en théorie un placement sous surveillance intensive. 

Par : RFI avec agences

L’idéologie de l’AfD, Alternative für Deutschland, qui « dévalorise des groupes entiers de la population en Allemagne et porte atteinte à leur dignité humaine », n’est « pas compatible avec l’ordre démocratique fondamental », estime l’Office de protection de la Constitution. Commentant cette décision, la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser a déclaré que l’AfD menaçait ouvertement la démocratie. « L’AfD représente un concept ethnique discriminant contre des groupes entiers de population », a-t-elle dit dans un communiqué.

Cette décision des renseignements est une étape indispensable vers la voie d’une interdiction de l’AfD, qui faisait débat en Allemagne depuis des années, rapporte notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.

L’AfD ne considère pas les citoyens allemands issus de l’immigration et originaires de pays à majorité musulmane comme des membres à part entière du peuple allemand, selon le renseignement intérieur allemand. 

Jeune parti créé en 2013, l’AfD était classé comme « cas suspect » d’extrémisme par le contre-espionnage depuis mars 2021, une décision contestée sans succès par le parti devant la justice. Cette nouvelle désignation permet aux autorités d’utiliser des méthodes secrètes pour surveiller l’AfD, comme le recrutement confidentiel d’informateurs et l’interception de communications.

Le mouvement de jeunesse de l’AfD et d’autres sections du parti étaient déjà catalogués comme tels. Alice Weidel, co-présidente du parti, avait d’ailleurs annoncé à la fin de l’année dernière vouloir réorganiser « l’organisation de jeunesse… afin de la rapprocher du parti », autrement dit vouloir en reprendre le contrôle dans la perspective des législatives de février.

Selon des analystes, cette désignation pourrait in fine renforcer le soutien à l’AfD, placé en tête de plusieurs sondages ces dernières semaines, et à son discours visant à se présenter comme la victime des partis établis.

Lors des élections législatives du 23 février, l’AfD menée par Alice Weidel avait réalisé une percée historique, doublant son précédent score avec plus de 20 % des voix. Depuis, le parti a même dépassé dans certains sondages l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti conservateur de Friedrich Merz qui prête serment comme nouveau chancelier dans quelques jours. En théorie, après sa percée aux législatives, la formation d’extrême droite est en droit de briguer un certain nombre de présidences de commissions au Bundestag, mais elle aurait pour cela besoin du soutien des autres partis. Il sera plus aisé encore aux partis traditionnels de lui refuser ce soutien.

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