Paix, sécurité et développement en Afrique : La stabilité à travers l’instauration de critères de convergence sécuritaire

Lequotidien – Les critères de convergence économique sont des critères établis entre Etats d’une zone et fondés sur des indicateurs économiques mesurables, au respect duquel les pays membres sont soumis. Ainsi, s’installe alors un socle de gouvernance solidaire qui constitue la base, la fondation sur laquelle s’érige le développement économique cohérent des pays membres.Dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), les critères de premier rang visent le déficit budgétaire (<= -3%), l’inflation (<=3%) et le niveau d’endettement (<=70%) rapportés au Pib. Les critères de second rang visent respectivement ratio masse salariale/recettes fiscales (≤ 35 %) et celui des recettes fiscales/Pib (≥ 20 %).Dans l’espace plus élargi de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la convergence des politiques et des résultats macroéconomiques semble un préalable à la création d’une zone monétaire. Dans cette zone, les critères de convergence sont, entre autres, un déficit budgétaire limité à 3% du Pib, une inflation à 10% maximum et une dette inférieure à 70% du Pib.Pourquoi la plupart des politiques économiques des pays soumis à ces indicateurs de performance ont été inefficaces et contre-performantes ? Au constat de l’absence de la variable sécuritaire et son corollaire relatif à la stabilité politique parmi les critères de convergence susvisés dans l’Union et à l’échelle Cedeao, nous semble-t-il légitime de se demander si l’essor économique est possible sans une stabilité politique et une sécurité infaillible des populations, de leurs biens et des systèmes d’informations ?

Au regard de la situation qui prévaut dans plusieurs pays du Sahel, théâtres d’instabilité politique, de pratiques anticonstitutionnelles menant à des situations inconstitutionnelles avec un éternel recommencement du débat entre légalité et légitimité, deux grands boulevards ouverts à l’insécurité, nous pouvons sans risque de nous tromper, répondre par la négation. Rien ne peut se faire de pérenne sans stabilité et sans sécurité au sens large incluant les nouvelles infractions cybercriminelles. Face à l’escalade des actes terroristes et de grand banditisme, aux répercussions sanitaires des pandémies et celles économiques imputées aux conflits armés et non armés, internes et internationaux, il faut une réponse communautaire unifiée. Nous devons prendre des mesures immédiates, pensées, formulées, exécutées, évaluées et améliorées par nous-mêmes afin d’éradiquer ces fléaux qui freinent le développement de l’Afrique.

La sécurité totale aux différents niveaux ressort comme une condition nécessaire même si elle n’est pas suffisante pour jeter les bases d’une Afrique nouvelle, sur les rails du développement. La sécurité des personnes, des biens et des systèmes d’informations, mais également la sécurité sanitaire et agroalimentaire apparaissent donc comme leviers déterminants pour insuffler à l’Afrique cette dynamique de développement partout théorisée.C’est le sens de ce plaidoyer pour l’érection de Critères de convergence sécuritaire en Afrique.

Calqué sur le même esprit que celui régissant les critères économiques, ce pacte doit être une boussole sous-régionale et non un slogan creux souffrant des mêmes insuffisances que son «grand frère». Il doit d’abord éviter à l’Afrique des situations de nature à compromettre sa stabilité.Parmi ces épines figurent plusieurs pratiques que nous n’avons guère la prétention de proposer comme uniques indicateurs. Ils ont cependant le mérite d’être une constante dans les zones conflictogènes.

Je veux citer l’excès dans le tripatouillage constitutionnel, les subterfuges juridico-légaux qui mènent au pouvoir une minorité soutenue par la richesse et de puissants alliés, la présence asymétrique de forces extérieures en Afrique, la baisse plongeante du niveau éducatif, la légifération lacunaire du numérique et le manque de normalisation de la protection des infrastructures, des activités et des services vitaux. Aucun mot ne suffit à expliquer ces maux qui, en fin de compte, font de notre continent le foyer d’un terrorisme imaginaire ou celui d’une guerre importée sous le regard impuissant d’une élite qui semble négocier sa souveraineté.

Cette convergence sécuritaire doit être un principe de gouvernance mesurable et soumis à une autorité de contrôle régionale, mandatée et outillée pour définir les indicateurs pertinents et leurs unités de mesure, les dispositions préventives d’alerte, les mesures correctives et les sanctions prévues avec les moyens de leur mise en exécution en s’appuyant sur le dispositif «Force africaine en attente (Faa)» de l’Ua.

Le continent est suffisamment riche. Il ne l’est pas seulement de ses ressources minérales. Il l’est aussi de son génie militaire, de ses géo-stratèges, ses professionnels de la santé, ses experts agroalimentaires, ses brillants et intègres hommes de droit, de ses historiques, de ses sociologues mais également de son génie informatique, sans oublier ses sages.

Ce capital humain peut aisément constituer une équipe dynamique capable de le doter de cet outil de gouvernance garant de l’efficacité de tout autre dispositif complémentaire.A l’occasion de la 9ème édition du Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique qui s’y est déroulé les 27 et 28 novembre 2023, nous avons espoir que des solutions adaptées seront trouvées et appliquées pour une meilleure Afrique !

Djibril SARR Securizons

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