Frappes américaines sur des sites liés à l’Iran: «La Syrie est un terrain sur lequel on règle des comptes»

Frappes américaines sur des groupes pro-Iran en Syrie, échanges de tirs à la frontière Israël-Liban…

La guerre à Gaza risque-t-elle de dégénérer en une confrontation régionale ?

Pour le chercheur Thomas Pierret, chargé de recherches à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam), les différents acteurs souhaitent l’éviter mais s’adressent « des messages violents ».

RFI : Huit combattants pro-Iran ont été tués dimanche 12 novembre dans des frappes américaines sur l’est de la Syrie. Cela faisait suite à des attaques sur des personnels militaires américains déployés dans la région.

Sur fond de guerre à Gaza, comment interpréter ces évènements ?

Thomas Pierret : Cela n’a pas commencé le 7 octobre. La Syrie est un terrain sur lequel on règle des comptes entre l’Iran d’un côté et, de l’autre Israël, et les États-Unis. Il y a actuellement une intensification des attaques contre les bases américaines et des ripostes menées par les États-Unis et Israël.

C’est une configuration qui s’est imposée au cours de la décennie écoulée. Sur fond de conflit en Syrie, on fait passer des messages – des messages violents – à l’adversaire.

Ce qui caractérise le terrain syrien, c’est que le déploiement des uns et des autres est relativement limité. Les frappes visent toujours des objectifs militaires par ailleurs, ce qui limite le risque d’escalade.

Des groupes pro-Iran sont actifs en Syrie. Et au Liban, le Hezbollah, lui aussi allié de Téhéran, est engagée dans une confrontation dangereuse avec Israël.

Le Hezbollah et d’autres groupes installés au sud-Liban tirent des roquettes en direction du territoire israélien, l’armée de l’État hébreu réplique, il y a des victimes de part et d’autre…

Quels sont les risques ?

Depuis le début de la guerre, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé deux discours qui témoignent de sa volonté d’éviter une escalade majeure. Il a une sorte d’obligation politique à participer au conflit puisque le Hezbollah se présente depuis des décennies comme le champion de la cause palestinienne.

Donc il se doit de faire quelque chose mais avec la crainte d’une réponse qui a été assez clairement formulée par Israël sur le thème « si vous intervenez massivement dans le conflit, nous détruirons Beyrouth », ce que le Hezbollah cherche à éviter.

Au Liban, beaucoup de forces politiques – même ayant de la sympathie pour les Palestiniens – estiment qu’on ne peut pas précipiter le Liban dans l’abîme pour maintenir le statut de l’Iran comme défenseur de la cause palestinienne.C’est cela qui est en jeu ?

Oui, car tout le discours de la République islamique s’est construit autour de cette prétention à incarner la défense de la cause palestinienne.

D’où cette contradiction dans laquelle est prise l’Iran, qui doit s’impliquer tout en évitant une escalade majeure pour laquelle il n’est pas vraiment préparé.

Jusque-là, sa stratégie est celle du harcèlement, pas celle d’un conflit symétrique dans lequel Israël a l’avantage.

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