Entre euphorie et petites difficultés du « Ilaa Touba » : la face cachée du Magal

Une grande louche à la main, retournant les poulets qui sont en train de cuire dans une grande marmite, Cheikh Guèye, tout en sueur, nous explique que bien que le Magal soit un événement heureux et tant attendu, il ne faut pas oublier que c’est aussi un événement qui crée beaucoup de contraintes pour certains Sénégalais. « Présentement, je suis en pleine recherche pour trouver mon « passou magal » (frais de transport-ndlr) car je n’ai presque plus beaucoup d’argent en ma possession et mon neveu qui est parti hier m’a dit que le prix du transport qui était de 3000 Francs Cfa est maintenant monté à 5000 Francs Cfa. Comme je compte partir la veille du Magal, je n’aurais peut-être pas de voiture pour m’y rendre car il y aura un rush et le prix va encore être augmenté », nous apprend-t-il en nous offrant une tasse du célèbre café Touba.Birane Mbacké, se préparant à aller à Colobane pour se rendre à Touba pour le Magal, nous confie : « je voulais déjà y aller depuis le mardi mais comme c’est la fin du mois et que mon commerce n’est pas très florissant en ce moment, j’ai préféré attendre de vendre quelque chose pour assurer mon transport pour l’aller et pour le retour » Yallah bakhna » ( Dieu est grand). Je voulais y aller tôt pour éviter les embouteillages sur l’autoroute car tout le monde voudra prendre ce chemin-là mais aussi pour ne pas avoir à faire la queue pour trouver un moyen de transport car c’est les derniers jours pour y aller et tout le monde voudra en profiter ». Et de poursuivre : « Déjà à partir de demain inchallah (ce samedi-ndlr), pour trouver un bus ou n’importe quel autre moyen de transport, il faudra se disputer avec ses semblables ».Pour Madame Sylla, la fatigue, la chaleur, les bouchons, la hausse des prix du transport et même le fait de devoir marcher à l’entrée de la ville sainte restent une bénédiction de plus pour les Mourides. « C’est vrai que c’est parfois difficile d’arriver en un seul morceau à Touba durant le Magal. Mais c’est ça que l’on recherche, les vrais Baye fall doivent vivre cette expérience. Chaque année, ma famille et moi devons marcher de l’entrée de Touba jusqu’à la maison où on doit résider et on le fait avec plaisir. Je déplore juste les bousculades et les accidents car c’est dangereux, personne ne veut mourir tôt mais moi, je dis que mourir pour cette cause est un honneur » assène-t-elle. Tout comme la dame Sylla, Mbacké Mbengue pense que ces petites contraintes ne sont pas trop graves. « Ah moi, je dirais que le problème de transport, le prix qui augmente entre autres n’est pas vraiment un souci quand on est mouride. Si une personne trouve que l’augmentation des frais de transport est exagérée, c’est qu’il ne part pas pour rendre hommage aux saints qui reposent à Touba mais juste pour suivre la masse et se goinfrer. Si c’est la peur de ne pas trouver un véhicule, il faut juste réserver à temps ou y aller pendant qu’il reste encore une semaine ou au moins cinq à trois jours » conseille-t-il.

MARIYAMA TOURE (STAGIAIRE)

SUDQUOTIDIEN

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