Israël: une «marche de la mort» à Tel-Aviv au nom des victimes de la criminalité
Ce dimanche 6 août, ils étaient plusieurs milliers à Tel-Aviv pour « la marche de la mort » cortège pour dénoncer l’inaction du gouvernement israélien face aux violences dans la société arabe israélienne. Un phénomène pas nouveau, mais qui ne fait qu’empirer.
Avec notre correspondante à Tel-Aviv, Sharon Aronowicz
Plus de 140 morts cette année, plus du double de l’année dernière à la même période. Trois hommes ont encore été tués par des gangs cette dernière semaine, victimes de règlements de compte.
Dans les rues : 141 cercueils, pour chacune de ces personnes. Sur les pancartes, des visages de jeunes hommes en majorité : des fils, des frères, des maris assassinés. Parfois des enfants, comme le fils de Mohammed.
« Ils ont tiré sur une voiture, confie ce dernier. Mon fils jouait à côté et a reçu deux balles dans la tête et il est mort. Mort sur place. Devant les yeux de sa mère. Il n’avait même pas quatre ans. Et qu’est-ce que le gouvernement a fait ? Rien du tout ! »
J’ai attendu 17 ans pour un fils, j’ai quatre filles et j’ai prié pour avoir un fils, et Amar est né. Et maintenant, il est mort, tué par balle par un fusil d’assaut.
01:11
Micro-trottoir: parole de proches de victimes de la violence dans la société arabe israélienneSharon Aronowicz
Pour Michal, une juive israélienne qui participe au rassemblement, il y a un lien direct entre le gouvernement Netanyahu et la hausse des victimes. « Quand ce gouvernement est arrivé au pouvoir, la première chose qu’il a faite, c’est de geler les budgets des projets qui avaient pour but de prévenir la criminalité et la violence dans la société arabe, dénonce-t-elle. Suite à cela, nous avons simplement vu les chiffres augmenter et tout le monde s’en fiche. Nous avons un ministre de la Sécurité intérieure qui s’en fiche. »
Makbula est journaliste pour une radio arabophone locale. Elle souligne l’importance de manifester au cœur de Tel-Aviv, pour que les juifs israéliens cessent d’ignorer ce fléau : « Il faut porter la voix de la société arabe qui s’effondre sous le poids de la criminalité et l’abandon de l’État, avec une police négligente qui ne parvient pas à agir. Les criminels ont la voix libre, il n’y a personne pour les arrêter ! »
Près de 75% des meurtres commis dans la communauté émanent du crime organisé, nourri par un trafic d’armes hors de contrôle. Les organisateurs de la marche de ce dimanche dénoncent l’inaction du gouvernement et de la police israélienne, et reprochent à l’État de ne pas investir les ressources nécessaires pour combattre ces violences à long terme et de manière globale.