Cette baleine de 39 millions d’années pourrait être l’animal le plus lourd de tous les temps

Elle nageait il y a 39 millions d’années au large des côtes péruviennes. La baleine “Perucetus colossus”, dont les restes fossilisés ont été découverts il y a 13 ans dans le désert péruvien, pourrait bien être l’animal le plus lourd que la Planète bleue ait jamais porté, a déterminé une équipe de recherche internationale, qui compte un Belge, dont le travail est publié dans la revue Nature. Jusqu’à présent, le gigantisme chez les cétacés était considéré comme une évolution relativement récente, débutant il y a “seulement” quelque cinq millions d’années, relève mercredi l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB) dans un communiqué.

D’un poids estimé entre 85 et 340 tonnes, la “baleine colossale du Pérou” rivalise avec – voire surpasse – l’actuelle baleine bleue, qui affiche jusqu’à 190 tonnes sur la balance. Pour mesurer le volume de ce mammifère éteint depuis de nombreuses années, les scientifiques ont scanné la surface de chaque os prélevé, évalué la structure interne des vertèbres en effectuant des forages et, enfin estimé le poids du squelette du cétacé en utilisant des squelettes complets de parents proches.

À ces différences près que “Perucetus colossus” présente des os supplémentaires et une densité osseuse plus élevée. Ce poids additionnel l’aidait à maintenir son équilibre sous l’eau et, peut-être, à contrer les vagues du littoral. Les cétacés modernes peuvent, eux, vivre loin au large et leur structure osseuse est nettement plus légère.

Plusieurs campagnes de fouilles ont été nécessaires pour collecter les différentes parties de l’énorme squelette, long de 20 mètres. À titre d’exemple, chacune des 13 vertèbres “pèse largement plus de 100 kg et les quatre côtes atteignent une longueur d’environ 1,4 mètre”, note l’IRSNB. Le poids seul du squelette, estimé entre 5 et 8 tonnes, est ainsi deux à trois fois plus élevé que celui de la baleine bleue, pourtant plus long de cinq mètres, exposé au Musée d’histoire naturelle de Londres.

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De gauche à droite  Olivier Lambert, Walter Aguirre, Alberto Collareta, Walter Landini, Klaas Post, Giovanni Bianucci et Mario Urbina (en bas).
De gauche à droite  Olivier Lambert, Walter Aguirre, Alberto Collareta, Walter Landini, Klaas Post, Giovanni Bianucci et Mario Urbina (en bas). © Koninklijk Belgisch Instituut voor Natuurwetenschappen (KBIN)

Nouvelle espèce

“La découverte d’une espèce vraiment géante comme Perucetus, qui est caractérisée par une forte augmentation de la masse osseuse, enrichit notre compréhension de l’évolution des baleines. Des masses corporelles gigantesques ont été atteintes 30 millions d’années plus tôt, et dans un contexte côtier”, souligne le paléontologue de l’IRSNB Olivier Lambert, qui a pris part à l’étude.

Le spécimen met également en lumière une nouvelle espèce de la famille des basilosauridés, les premiers cétacés à avoir adopté un mode de vie totalement aquatique. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les baleines descendent en effet de mammifères terrestres à sabots initialement amphibies, qui sont ensuite retournés à la mer. La “baleine colossale du Pérou” est à présent conservée au Musée d’histoire naturelle de Lima.

Olivier Lambert
Olivier Lambert © Koninklijk Belgisch Instituut voor Natuurwetenschappen (KBIN)

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