Liban: Riad Salamé quitte la tête de la Banque centrale sans avoir de successeur
Poursuivi par la justice en France et en Allemagne pour détournement de fonds et enrichissement illicite, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé quitte son poste lundi 31 juillet sans qu’un successeur n’ait été nommé par le gouvernement. Une vacance du pouvoir à la tête de l’institution soulève de sérieuses inquiétudes alors que le pays se dirige vers sa cinquième année de crise économique.
Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh -RFI
Les profondes divergences entre les forces politiques libanaises ont empêché la prorogation, sous divers prétextes, du mandat de Riad Salamé, tout comme la nomination d’un successeur, qui est traditionnellement de confession maronite.
Le départ du patron de la Banque centrale suscite une inquiétude quant à la stabilité financière du Liban, frappé par une crise sans précédent depuis près de quatre ans.
Le Code de la monnaie et du crédit stipule qu’en cas de vacance à la tête de la Banque centrale, le premier des quatre vice-gouverneurs le remplacerait.
Mais Wassim Mansouri, un chiite proche du président du Parlement Nabih Berry, a menacé de démissionner avec ses trois collègues si une série de mesures et de réformes n’étaient pas votées par la Chambre : les vice-gouverneurs exigent d’être couverts pour ne pas assumer la responsabilité d’un éventuel effondrement financier total.
Malgré les pressions exercées, Wassim Mansouri et ses collègues n’ont pas obtenu gain de cause.
La démission collective est désormais exclue. Et même si certains des quatre vice-gouverneurs décidaient de quitter leur poste, ils seront chargés de diriger la Banque centrale au nom de la continuité du service public.
Tous les scénarios font craindre un dysfonctionnement de la principale institution financière, ce qui entrainerait une nouvelle dépréciation de la livre libanaise. Celle-ci a déjà perdu 98 % de sa valeur.