Ukraine: le port d’Odessa visé par une attaque russe après la fin de l’accord céréalier
Une attaque nocturne russe a endommagé des infrastructures dans le port d’Odessa, site clé pour l’exportation des céréales ukrainiennes, quelques heures après l’expiration d’un accord qui permettait de les transporter par la mer Noire en dépit de l’invasion russe.
Moscou avait fait connaître lundi son refus de prolonger cet accord céréalier signé en juillet 2022 sous l’égide des Nations unies et de la Turquie et prolongé ensuite à plusieurs reprises, en dénonçant les entraves au commerce des engrais et des produits russes.
Mardi avant l’aube, six missiles Kalibr et 21 drones explosifs de fabrication iranienne Shahed-136 lancés par la Russie sur Odessa (sud) ont été « détruits » par la défense aérienne ukrainienne, a indiqué le gouverneur de la région Oleg Kiper sur Telegram.
« Les débris des missiles détruits et l’onde de choc ont endommagé des infrastructures portuaires et plusieurs habitations privées » faisant un blessé, a-t-il ajouté, sans donner d’indications sur l’ampleur des dégâts.
Au total, sur tout le territoire ukrainien, 31 drones d’attaque ont été abattus sur les 36 lancés dans la nuit par la Russie, ont indiqué les forces aériennes ukrainiennes.
Au nord-est d’Odessa, à Mykolaïv, une autre grande ville du Sud, une « infrastructure industrielle » a également été touchée, provoquant un incendie mais sans faire de victimes, selon le gouverneur Vitaly Kim.
Odessa et sa région abritent les trois ports par lesquels l’Ukraine pouvait, dans le cadre de l’initiative céréalière de la mer Noire, exporter ses produits agricoles malgré la guerre et le blocus imposé par la Russie.
En un an, l’accord a permis de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, essentiellement du maïs et du blé, contribuant à stabiliser les prix alimentaires mondiaux et à écarter les risques de pénurie.
Le refus de Moscou de prolonger cet accord a été dénoncé par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a souligné que « des centaines de millions de personnes font face à la faim » et allaient en « payer le prix ».
Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, a pour sa part qualifié la décision russe d' »inadmissible », accusant Moscou de se servir « de la nourriture comme d’une arme ».
– Attaque ukrainienne –
Quant à l’Ukraine, elle a affiché sa volonté de continuer à exporter ses céréales par la mer Noire, avec ou sans l’accord de Moscou sur la sécurité des navires.
« Même sans la Russie, tout doit être fait pour que nous puissions utiliser ce couloir en mer Noire. Nous n’avons pas peur », a indiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Pour l’heure, la Russie a signifié une fin de non-recevoir aux appels qui s’étaient multipliés pour la reconduction de l’accord.
« Si les capitales occidentales apprécient vraiment l’Initiative de la mer Noire, alors qu’elles envisagent sérieusement de remplir leurs obligations et retirent effectivement les engrais et les produits alimentaires russes des sanctions », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.
Quelques heures avant ce refus, Moscou assurant que ces deux évènements ne sont pas liés, une attaque ukrainienne avait endommagé l’important pont reliant la Russie à la Crimée, une péninsule ukrainienne annexée en 2014.
Des dégâts considérables été causés à la section routière de l’ouvrage, qui sert notamment à acheminer du matériel aux militaires russes, mais « la circulation des véhicules a été rétablie en sens inverse » sur une voie du pont, a déclaré tôt mardi le vice-Premier ministre russe, Marat Khousnoulline, sur Telegram.
Une source au sein des services ukrainiens de sécurité (SBU) a indiqué lundi à l’AFP que l’attaque, qui a tué deux civils circulant en voiture, a été réalisée par la marine et les services secrets ukrainiens à l’aide de « drones navals ».
C’est la deuxième fois que ce pont de 18 km, construit à grands frais sur ordre de Vladimir Poutine peu après l’annexion et symbolisant aux yeux du Kremlin le rattachement de la Crimée à la Russie, est attaqué par l’Ukraine.
En octobre 2022, une explosion attribuée par Moscou à un camion piégé avait fait d’importants dégâts et il avait fallu des mois de travaux pour le remettre pleinement en service.
Lundi soir, Vladimir Poutine a dit attendre « des propositions concrètes pour améliorer la sécurité de cette infrastructure de transport importante et stratégique », assurant qu’il « y aura bien sûr une réponse de la Russie » à l’attaque.
Sur le front, l’armée ukrainienne a fait état de combats « intenses » au cours des derniers jours. Le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a évoqué mardi sur Telegram une situation « difficile » mais « sous contrôle » dans l’est du pays.
Source – rfi