Les déboires du géant indien de l’éducation en ligne Byju inquiètent l’écosystème des startups

Byju, application d’éducation en ligne a connu une croissance phénoménale en Inde. Elle est aujourd’hui en grande difficulté, ce qui suscite l’inquiétude.

De notre correspondant à Bangalore, RFI

L’histoire du succès de Byju a inspiré énormément de monde en Inde et à l’international. Si Byju tombe, c’est la crédibilité d’autres entrepreneurs dans les nouvelles technologies en Inde qui va prendre un coup.

Le parcours de son fondateur éponyme, Byju Raveendran, coche toutes les cases du self made man dont raffole l’écosystème des startups. Il est né en 1980 dans un village de l’État du Kerala, de parents professeurs. Élève très doué, mais peu assidu, il aide ses amis à passer des examens importants avant d’ouvrir une petite entreprise de cours préparatoires avec sa femme en 2007. Avec l’explosion des smartphones en Inde, Byju Raveendran va alors avoir l’idée de génie de faire passer ses cours en format vidéo et mobile. 

En Inde, la faiblesse de l’éducation publique, l’importance des concours, l’immense population étudiante lui ouvre un marché gigantesque. L’entreprise est créée en 2011 avec peu de choses, mais dix ans plus tard, elle compte 150 millions d’utilisateurs. Elle est évaluée à 20 milliards d’euros et s’attaque aux marchés des États-Unis. Le Covid et les confinements viennent valider son modèle d’éducation en ligne. Byju devient même sponsor officiel de l’équipe de cricket indienne. Ce qui, en Inde, n’est pas rien !  

La machine se grippe, les investisseurs déchantent

Byju flambe de l’argent sans que les profits suivent. À partir de 2017, son fondateur se met à racheter à coup de centaines de millions d’euros des startups utilisant la réalité virtuelle ou l’intelligence artificielle dans l’éducation. Il hypothèque ses parts de la société pour continuer à financer cette hypercroissance. 

En août 2022, le cabinet américain Deloitte, chargé de l’audit du groupe, émet de premiers doutes sur la crédibilité de ses finances. C’est ensuite la descente aux enfers. Le fisc indien effectue une perquisition au siège de l’entreprise à Bangalore après une enquête pour fraude fiscale. La réputation de Byju est abîmée. Les parents ruinés se disent dupés par les promesses de réussite pour leurs enfants. Les investisseurs demandent à récupérer leur argent et Byju annonce, en janvier, se séparer de milliers d’employés. 

Ces dernières semaines, de puissants soutiens tels que la fondation Chan Zuckerberg du fondateur de Facebook se sont retirés du conseil d’administration. Byju Raveendran ne s’avoue cependant pas vaincu. Il a attaqué en justice son principal bailleur de fonds américain et promet que la tempête va passer.

Une chose est sûre : d’un très beau symbole de réussite à l’indienne, Byju est devenu l’incarnation de la croissance opaque, de la bulle médiatique et financière qui accompagne trop souvent le développement des entreprises prometteuses.

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