La culture du sorgho en plein essor en Afrique
À Montpellier, dans le sud de la France, s’est tenue début juin la conférence mondiale sur le sorgho, la 5e céréale la plus cultivée dans le monde. Le continent africain engrange à lui seul la moitié des 60 millions de tonnes récoltées chaque année. Grâce à sa capacité de résistance à la sécheresse, le sorgho permet à des millions d’habitants de la zone sahélienne de survivre. Et depuis quelques années, sa production y augmente. C’est le constat fait par les experts de la filière, des producteurs aux semenciers en passant par les généticiens.
À l’Inran, l’Institut national de recherche agronomique du Niger, le sorgho, deuxième céréale du pays après le mil, fait l’objet de toutes les attentions. « La production augmente, précise l’agronome Mustapha Moussa. Il y a 20 ans, c’était 500 000 tonnes, aujourd’hui, on dépasse les 2 millions de tonnes par an. C’est une culture résiliente au changement climatique et on a beaucoup de terres où on peut produire. »
Parallèlement, la consommation augmente, dans les campagnes, mais aussi chez les citadins. « Je consomme beaucoup le sorgho, abonde Illiassou Mossi Maiga, le directeur de l’Inran. Bouilli, on le mélange jusqu’à ce qu’il durcisse, et ça constitue une pâte plus ou moins moelleuse qu’on consomme avec de la sauce. Et j’aime bien ça. »
Le constat est identique dans la plupart des pays africains même si les raisons de cet engouement sont encore difficiles à cerner. « La production augmente dans beaucoup de pays en Afrique comme le Soudan, le Sénégal, des pays qui ont une histoire avec le sorgho comme le Zimbabwe, souligne l’expert américain Timothy Dalton. Est-ce une conséquence du changement climatique ou par raison économique parce les graines sont plus accessibles que d’autres ? Je n’ai pas encore la réponse. Et depuis une dizaine d’années, j’ai vraiment noté que les consommateurs des zones urbaines sont devenus très fiers de leurs graines traditionnelles. »
La farine de sorgho de plus en plus utilisée
C’est le cas au Sénégal où le gouvernement a permis de changer la composition du pain. « Utiliser la farine de sorgho dans la panification, on sait l’incorporer à hauteur de 15%, explique Cheikh N’Diaye, de l’institut de technologie alimentaire à Dakar. C’est reconnu et ça a été transféré dans de nombreux pays. Maintenant, on est en train d’aller jusqu’à 65% d’incorporation. Ce sera une révolution et ça peut vraiment réduire le coût de l’importation du blé. »
Reste maintenant à continuer le développement de la culture du sorgho en Afrique car la plupart des pays du continent doivent en importer, notamment depuis l’Ukraine et la Russie.
SOURCE RFI