Un an après la libération de Boutcha, Volodymyr Zelensky jure de vaincre «le mal russe»
Il y a exactement un an, l’armée russe se retirait de Boutcha après un mois d’occupation. Cette banlieue champêtre au nord-ouest de Kiev allait devenir synonyme des exactions commises contre les civils par les soldats russes. Mais aussi de l’effort entrepris pour enquêter sur ces crimes de guerre.
« Nous allons gagner, c’est certain. Le mal russe tombera justement ici, en Ukraine, et ne pourra plus se relever », a martélé vendredi le président Zelensky devant les Premiers ministres croate Andrej Plenkovic, slovaque Eduard Heger, slovène Robert Golob et la présidente moldave Maia Sandu.
« Nous ne pardonnerons jamais » les morts de Boutcha, avait lancé auparavant le président ukrainien à l’occasion du premier anniversaire du retrait russe de cette ville martyre. « Trente-trois jours d’occupation […] Symbole des atrocités du pays occupant », a-t-il ajouté.
Ils s’appelaient Michka, Maxim ou encore Volodymyr… Ils étaient ouvriers en bâtiment, amateurs de musique classique, pères de famille. Tous des civils, rappelle notre correspondant à Kiev, Pierre Alonso. Lorsque les forces russes ont quitté Boutcha, le 31 mars 2022, un mois après avoir lancé l’invasion du pays sur ordre du président Vladimir Poutine, elles ont laissé, derrière elles, des cadavres. Une vingtaine de corps d’hommes en civil ont été découverts le 2 avril dans la rue Iablounska (la rue des Pommiers, en français), dont l’un avait les mains liées dans le dos. Des images qui ont choqué le monde.
Au total, selon les estimations ukrainiennes, quelque 400 corps de civils seront retrouvés à Boutcha et plus de 1 000 dans la région, nombre d’entre eux dans des fosses communes creusées par les habitants quand la brutalité des combats rendait les cimetières inaccessibles.
Documenter les crimes de guerre
Lors de sa visite sur place deux jours après la découverte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, visiblement bouleversé, avait dénoncé « des crimes de guerre » qui seront « reconnus par le monde comme un génocide ». Depuis, la quasi-totalité des dirigeants étrangers s’étant rendus en Ukraine ont fait un détour pour se rendre à Boutcha. Dernier en date, le Premier ministre japonais Fumio Kishida y avait fait part de son « fort sentiment d’indignation » la semaine dernière.
Depuis, les responsables de ces crimes de guerre ont été identifiés : il s’agit de militaires du 234e régiment de parachutistes, selon des investigations du New York Times. Seront-ils un jour jugés ? C’est toute la question. Parce que Boutcha est aussi devenue synonyme d’enquête sur les crimes de guerre. « Nous allons punir tous les coupables », s’est engagé le président Zelensky ce vendredi.
Les alliés de Kiev, dont la France, ont dépêché sur place des renforts pour épauler les policiers ukrainiens. Car la tâche est herculéenne : ce sont des centaines de cadavres qui ont été exhumés de fosses communes à Boutcha. Mais aussi dans d’autres villes après leur libération, comme à Izioum, dans l’Est, ou Kherson, dans le Sud. Jamais dans un conflit, les atrocités n’avaient été documentées à ce point en temps réel. Ce qui est une étape indispensable pour que justice soit un jour faite.