Corruption et arbitrage: cinq questions sur le scandale Negreira qui secoue le Barça et le foot espagnol

“C’est le pire moment de l’histoire de notre football”: Javier Tebas, le grand patron de La Liga, n’a pas mâché ses mots au moment d’évoquer, pour la première fois, le scandale Negreira qui touche le football espagnol et qui égratigne le FC Barcelone depuis plusieurs semaines. Mais de quoi est accusé le club catalan et que risque-t-il d’un point de vue sportif? On tente d’y voir plus clair, un mois après les premières révélations des médias espagnols.

Qui est José Maria Enriquez Negreira?

C’est le personnage central du dossier. Aujourd’hui âgé de 77 ans, José Maria Enriquez Negreira est un ancien arbitre international, qui a occupé la fonction de vice-président du Comité technique des arbitres (CTA) de la Fédération espagnole de football durant plus de 20 ans.

Que reproche la justice au FC Barcelone?

Negreira a été rattrapé par le FISC en 2021 pour des paiements faits à sa société, Dasnil 95, et qui n’ont pas étédéclarés. Et c’est là qu’intervient le Barça. Selon le Parquet, les paiements détectés par le FISC ont été faits par le club catalan à l’entreprise de l’ancien arbitre. On parle d’un montant de 7,3 millions d’euros payés à l’ancien vice-président de la Commission technique des arbitres espagnols. “Le FC Barcelone a obtenu et maintenu un accord verbal strictement confidentiel avec José Maria Enriquez Negreira afin que, en sa qualité de vice-président du comité technique arbitral (CTA) et en échange d’argent, ce dernier mène des actions tendant à avantager le FC Barcelone dans la prise de décision des arbitres”.

Le parquet a non-seulement inculpé le club, mais aussi deux de ses anciens présidents (José Maria Bartomeu et Sandro Rossell) et deux anciens bras droits de Bartomeu (Oscar Grau et Albert Soler). Ils ont été inculpés, au même titre que José Maria Enriquez Negreira pour “corruption dans le secteur sportif, abus de confiance et faux en écriture de commerce”.

Nous n’allons pas seulement défendre, nous allons aussi attaquer.Joan Laporta, Président du Barça

Quelle défense pour le club catalan?

Alors que son club est sérieusement secoué par ces accusations et ces inculpations, l’actuel patron du Barça, Joan Laporta s’est montré ferme dans un message principalement destiné aux fans catalans: “Que ce soit clair: le Barça n’a jamais acheté d’arbitres! Nous sommes victimes d’une campagne qui a pour but, à court terme, de déstabiliser notre équipe et, à moyen terme, de contrôler le Barça. J’aurai le temps de vous expliquer qui, pourquoi et comment cette campagne est orchestrée. Mais n’en doutez pas: nous allons nous défendre. Et nous n’allons pas seulement nous défendre, nous allons aussi attaquer. Je suis ému, mais ce n’est pas de la faiblesse, je le suis parce que je veux affronter les crapules qui ternissent notre blason”, assure celui qui est redevenu président du Barça en mars 2021.

Quelles sanctions risquent le Barça?

D’un point de vue sportif, le Barça ne risque rien, si l’on en croit le patron de La Liga, Javier Tebas. “Les faits remontent à plus de cinq ans, ils sont considérés comme prescrits”. Ça, c’est pour le territoire national, car, sur la scène européenne, la donne pourrait être radicalement différente pour le club catalan. L’UEFA a, en effet, annoncé jeudi avoir ouvert une enquête et le Barça pourrait se voir, par exemple, infliger une exclusion temporaire des compétitions européennes.

Mais des sanctions pénales sont également possibles, comme l’explique Alberto Palomar, professeur de droit espagnol, dans un entretien accordé à l’AFP. “Les dirigeants mis en causes risquent de six mois à quatre ans de prison et les sanctions à l’égard du club peuvent aller de la suspension de l’activité à la dissolution pure et simple.”

J’ai honte. La réputation de notre football est en jeu.Javier Tebas, Président de La Liga.

Comment réagissent les autres principaux acteurs du football espagnol?

Si le scandale éclabousse le Barça, il touche aussi le football espagnol dans son entièreté. Plusieurs acteurs majeurs ont évidemment réagi et espèrent de rapides éclaircissements sur le dossier.

À l’image Javier Tebas, président de La Liga. “De ce dont je me souviens, c’est le pire moment de l’histoire du football espagnol. La réputation de notre football est en jeu. J’ai honte. Il y a des preuves de paiements du Barça au vice-président de la Commission technique des arbitres. C’est anormal et le Barça ne nous a fourni aucune explication.”

Mais l’affaire a également fait réagir le principal rival de Barcelone, le Real Madrid. Le club a demandé à “faire partie de la procédure judiciaire en tant que partie lésée”. “Le Real Madrid tient à faire part de sa profonde préoccupation concernant la gravité des faits et, pour demandera à faire partie de la procédure d’investigation pour défendre ses intérêts légitimes”, avait précisé le club madrilène dans un communiqué publié quelques-heures après l’inculpation du Barça et de ses anciens dirigeants.

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