Le FCFA et le rôle de la Centrafrique au cœur du sommet de Yaoundé

C’est à Yaoundé, au Cameroun, que se tient ce vendredi 17 mars la conférence des chefs d’États de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), premier sommet de l’institution en présentiel depuis 2019, en raison de la crise du Covid-19. À l’ordre du jour notamment : les impacts économiques et financiers de la guerre en Ukraine, l’avenir du franc CFA, les cryptomonnaies, le financement de la communauté…

Lors du sommet extraordinaire de 2019, dans la dynamique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), les chefs d’États du Cameroun, du Gabon, de la Centrafrique, du Tchad, du Congo-Brazzaville et de la Guinée équatoriale avaient décidé « d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre de ce partenariat ». La Commission de la Cemac et la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) s’étaient alors vu confier la mission de « proposer, dans des délais raisonnables, un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune ».

Dans ce document, selon Jeune Afrique, plusieurs préconisations apparaissaient : le changement de nom de la monnaie, le retrait progressif des représentants français au sein des organes de décision et de contrôle de la Banque centrale, la clôture du compte d’opération dans les livres de la Banque de France et le rapatriement des réserves de change au siège de la Banque centrale.

Question soulevée : à quelle monnaie pourrait être arrimée la monnaie régionale ? Sur le départ, le président de la Cemac, Ona Ondo Daniel, a précisé sur nos antennes, jeudi 16 mars, que la diversification des partenaires commerciaux des pays d’Afrique centrale pouvait justifier l’arrimage à un panier de différentes devises plutôt qu’à l’euro.

Ce débat intervient dans un contexte d’éloignement avec l’ancienne colonie française. La Centrafrique a par exemple officialisé le bitcoin sur son territoire en 2022, en pied de nez notamment au franc CFA, considéré par beaucoup comme un symbole de l’emprise française. La Centrafrique qui, elle, espère engranger des gains diplomatiques au cours de ce sommet de Yaoundé.

Bangui entend retrouver un rôle majeur au sein de la Cemac

Lundi 13 mars, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a inauguré avec Daniel Ona Ondo un lotissement résidentiel réhabilité pour les employés de la Cemac. Le message était clair : la capitale centrafricaine est prête à accueillir à nouveau l’organisation, partie à Malabo en Guinée équatoriale en 2013, et dont un premier retour avait tourné court – quelques mois à peine – en 2018.

Sur notre antenne, Daniel Ona Ondo a confirmé que, sauf avis contraire des chefs d’États, le siège « historique » serait réinvesti par son successeur. Un succès pour la « normalisation » de la Centrafrique, défendue par Bangui, et qui interviendra au moment où Faustin-Archange Touadéra succèdera au Camerounais Paul Biya à la tête de l’organisation, conformément à la rotation par ordre alphabétique. Un changement attendu donc, malgré certaines réticences en raison de décisions du président centrafricain jugées parfois « cavalières » par ses voisins.

La question des cryptomonnaies, qui intéresse évidemment la Centrafrique, sera ainsi discutée, alors que le cadre communautaire promis l’an dernier se fait toujours attendre. Il faut que la situation « soit éclaircie » a reconnu Daniel Ona Ondo, qui a néanmoins souligné la position constante de la Cemac : « La seule monnaie qui a cours légal et pouvoir libératoire dans les six pays, c’est le franc CFA. »

Un sujet d’autant plus épineux que Banqui lorgne le poste de gouverneur de la Banque centrale, censé lui revenir l’an prochain à l’échéance du mandat du titulaire, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli.

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