Une banque proche d’un désastre fait craquer le secteur financier américain et trembler le marché européen

La Bourse de New York a terminé en baisse jeudi, inquiète des difficultés de la banque californienne SVB au point de sanctionner tout le secteur bancaire, sur un marché fébrile avant la publication du rapport mensuel sur l’emploi, vendredi. Les marchés boursiers européens ont également été fortement impactés.

Si Wall Street avait ouvert en hausse jeudi, les indices sont rapidement partis dans le rouge et ont même accéléré dans le négatif en fin de séance.

En cause, la Silicon Valley Bank, établissement californien dont la maison mère, SVB Financial Group, a annoncé mercredi une augmentation de capital importante de 2,25 milliards de dollars.

Partenaire privilégié du secteur technologique, SVB cherche ainsi à augmenter ses liquidités pour renforcer son bilan, fragilisé par des retraits de clients.

Le groupe a également vendu dans la précipitation, pour ce faire, un portefeuille de 21 milliards de dollars de titres financiers, ce qui lui a valu une perte estimée à 1,8 milliard.

“SVB est l’élément déterminant de la séance d’aujourd’hui”, a expliqué Steve Sosnick, d’Interactive Brokers. Le groupe a perdu, sur une seule journée, 60% de sa valeur (-60,41%).

Des problèmes qui “pourraient arriver à toute l’industrie bancaire”

“Les gens ont réalisé que les problèmes que connaît SVB pourraient arriver à toute l’industrie bancaire”, a-t-il expliqué.

Les banques empruntent généralement à court terme pour effectuer des prêts à moyen et long terme. “Ce n’est pas un bon modèle lorsqu’on est en situation d’inversion de la courbe des taux”, a souligné Steve Sosnick.

Le rendement des emprunts d’Etat américains à deux ans est ainsi très au-dessus du taux à 10 ans, l’écart étant à son plus haut niveau depuis plus de 40 ans. Le coût de l’argent pour les banques est ainsi nettement supérieur aux tarifs auxquels elles prêtent, ce qui affecte leurs marges.

Une autre banque mise en liquidation

L’effet a été renforcé par le fait que la maison mère d’une autre banque, Silvergate Bank, avait annoncé mercredi que l’établissement allait être mis en liquidation. Un épilogue attribué, dans ce cas, au fait que la banque était très liée au milieu des cryptomonnaies, en pleines turbulences depuis un an.

“Il semble qu’il y ait des fissures dans les banques régionales”, a relevé Art Hogan, de B. Riley Wealth Management. “Tout le monde cherche quel sera le prochain problème.”

Une fuite vers des actifs « plus sûrs”

Tout le secteur bancaire a souffert de la séquence, de JPMorgan Chase (-1,23%) à Bank of America (-6,20%), en passant par Wells Fargo (-6,18%) et Citigroup (-4,10%).

L’épisode SVB a déclenché une “fuite vers les actifs jugés les plus sûrs”, “loin des actions”, a observé Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.

Parmi les actifs sûrs, les obligations ont bondi en fin de séance, provoquant une violente détente des taux obligataires, qui évoluent en sens opposé de leurs prix.

Le rendement des emprunts d’Etat à deux ans, qui avait flambé en début de semaine, a décroché de 20 points de base (0,2 point de pourcentage), une ampleur très rare sur ce marché, à 4,87% contre 5,07% mercredi en clôture.

A l’autre bout du spectre, le bitcoin devissait de 7,93% et emmenait avec lui tous les grands noms du milieu, que ce soit la plateforme Coinbase (-7,81%) ou le spécialiste du “minage” de cryptomonnaies Riot Platforms (-12,22%).

Le marché européen également impacté

Les marchés boursiers européens ont entamé vendredi la dernière journée de négociation de la semaine par de fortes pertes. Les problèmes rencontrés par la SVB ont en effet eu des répercussions sur les actions bancaires à travers le monde.

À Bruxelles, le Bel20 perdait ainsi plus d’1,8% après 45 minutes d’échanges. Sofina menait les pertes avec un recul d’environ 7,5% pour son action. La société holding a également des intérêts dans le secteur technologique américain. L’assureur bancaire KBC perdait, lui, plus de 4%. Toutes les actions de l’indice vedette se négociaient dans le rouge, à l’exception d’Argenx.

Ailleurs en Europe, les indices se négociaient également à la baisse, les valeurs financières étant les plus perdantes.

Les titres des banques allemandes plongeaient ainsi vendredi à la Bourse de Francfort -qui était en recul d’1,5% après une demi-heure-, le titre de la Deutsche Bank perdant près de 10%, plombées par les inquiétudes des investisseurs sur le secteur bancaire américain.

A Paris, le CAC40 affichait une baisse d’1,7%. Les plus grands perdants y étaient Société Générale (-5,4 %) et BNP Paribas (-4,5 %). Les actions des groupes bancaires français chutaient en moyenne d’environ 5%, es investisseurs craignant que les difficultés rencontrées par la Silicon Valley Bank ne concernent d’autres établissements.

Le marché boursier d’Amsterdam reculait de près d’1,8 %, dans le sillage des actions de l’assureur Aegon et du banquier ING.

En Suisse également, les banques étaient en forte baisse, UBS reculant de plus de 4%.

Enfin, à Londres, l’indice baissait d’1,7%.

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