Convoqué à la Sûreté urbaine: Hadjibou Soumare face à ses questions
L’Etat n’a pas perdu beaucoup de temps avant d’activer les mesures pénales à l’encontre de l’ancien Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré, après la lettre ouverte que ce dernier avait écrite au président de la République, lui demandant des explications sur un supposé don de plus de 7 milliards de francs Cfa à «une personnalité française».
Par Abdou Rahim KA – L’ancien Premier ministre et président de Démocratie et République, Cheikh Hadjibou Soumaré, est convoqué ce matin à 10h au Commissariat central de Dakar pour «affaire le concernant». La convocation lui a été transmise dans la journée d’hier.
Cette convocation intervient 48h après la sortie du gouvernement qui, dans un communiqué, condamnait et se réservait le droit de «donner toute suite qu’il juge appropriée» aux propos de l’ancien Premier ministre, que le porte-parole du gouvernement qualifie d’«insinuations fallacieuses, malveillantes et indignes de quelqu’un qui a occupé de hautes fonctions étatiques». C’est comme si l’Etat n’avait pas l’intention de laisser le temps enfoncer dans l’oubli les propos de l’ancien président de la Commission de l’Uemoa. Alors que ce dernier, comme pour s’entourer de certaines précautions de langage, avait indiqué se faire l’écho de certains rumeurs et ragots.
Dans une lettre ouverte publiée le samedi dernier, Cheikh Hadjibou Soumaré demandait, entre autres questions, au président de la République d’apporter des clarifications sur un supposé don de 7,9 milliards de francs Cfa fait à «une personnalité française» non spécifiée. Tout le monde a pensé à Marine Le Pen en lisant le document de M. Soumaré. Car ce dernier précisait que «la haine et le rejet de l’autre ont toujours été utilisés par le parti comme véhicule d’ascension politique». Cela, sans manquer d’ajouter que ce montant de 7,9 milliards dépasse largement le budget consacré au Programme de promotion de l’entreprenariat durable et de création d’emplois décents ou les programmes d’éducation à la citoyenneté.
Le gouvernement avait d’ailleurs, dans sa réplique, annoncé qu’il «se réserve le droit de donner toute suite qu’il juge appropriée à ces insinuations fallacieuses, malveillantes et indignes de quelqu’un qui a occupé de hautes fonctions étatiques». Il était clair que cela impliquait des suites judiciaires. Surtout que M. Abdou Karim Fofana, tout en condamnant «fermement de telles insinuations lâches et sans fondement», a jugé qu’elles «témoignent d’une volonté maléfique de jeter le discrédit sur la personne du président de la République, porter atteinte à l’institution qu’il incarne et nuire aux relations entre le Sénégal et une puissance étrangère».