A Barcelone, la tech promet un « tsunami d’innovation » face à la morosité du secteur

Présentation du nouveau smartphone Xiaomi 13 Series au Salon mondial du mobile (MWC), le 26 février 2023 à Barcelone, en Espagne

Réunis au Salon mondial du mobile (MWC) de Barcelone, les professionnels de la « tech » ont promis lundi un « tsunami d’innovation », à l’heure où les difficultés s’accumulent pour le secteur, entre ventes de smartphone en berne et vagues de licenciements.

« L’année écoulée n’a pas été facile », a reconnu José Maria Alvarez-Pallete, PDG du groupe Telefonica et président de l’Association mondiale des opérateurs télécoms (GSMA), en ouvrant les débats de cette grand-messe annuelle des télécoms et des nouvelles technologies.

« Je pense que nous sommes à la porte d’une nouvelle ère » qui va « nécessiter une évolution radicale » face aux difficultés auxquelles se heurte le secteur, a-t-il ajouté, se disant malgré tout optimiste pour l’industrie des télécoms, marquée par un « tsunami d’innovation ».

Selon l’agence spécialisée IDC, les ventes mondiales de smartphones ont chuté de 11,3% l’an dernier, à 1,21 milliard d’unités, soit le nombre « le plus faible depuis 2013 ». Et les perspectives restent moroses pour 2023, avec un nouveau recul de 4% attendu pour les téléphones, tablettes et ordinateurs d’après le cabinet Gartner.

« Le secteur traverse un moment compliqué », a reconnu auprès de l’AFP Thomas Husson, analyste chez Forrester, évoquant le climat d’incertitude né de la guerre en Ukraine, qui a dopé l’inflation et rogné le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi des facteurs plus structurels.

« Dans certaines régions comme l’Europe de l’Ouest, le taux d’équipement individuel est de l’ordre de 90%: on est donc sur des marchés matures », a-t-il détaillé.

– 80.000 visiteurs –

Face à ces difficultés – aggravées par les vagues de suppressions d’emplois annoncées ces dernières semaines par les géants de la « tech » comme Alphabet, Microsoft et Ericsson -, le salon de Barcelone entend mettre en avant sa capacité de résilience.

L’objectif pour les professionnels présents est de voir comment « traverser » au mieux « cette période difficile », en se projetant sur « l’inévitable retour de la croissance » et les progrès liés à « l’innovation », a expliqué Ben Wood, du cabinet CCS Insight.

Selon le GSMA, organisme regroupant près de 750 fabricants et opérateurs télécoms et qui organise le salon, 80.000 professionnels et 2.000 entreprises participent au MWC, dont les huit pavillons sont occupés pour la première fois depuis la pandémie.

Cette fréquentation reste éloignée du record de 2019, où près de 110.000 personnes avaient fait le déplacement, mais est supérieure d’un tiers aux 60.000 visiteurs de l’édition 2022, affectée par la persistance des restrictions liées au Covid-19.

« Nous sommes sur la voie » du retour à la normale, a insisté le directeur exécutif de GSMA, John Hoffman, attribuant cette dynamique au retour en force des groupes chinois après la réouverture des frontières annoncée fin décembre par Pékin.

– Huawei en force –

Parmi les entreprises présentes figurent des géants de la téléphonie (Samsung, Xiaomi, Ericsson, Orange, Deutsche Telekom…) mais aussi des poids lourds de la « tech » et l’industrie, comme Qualcomm, Airbus et Microsoft, le MWC ayant ces dernières années élargi son audience.

Le plus gros exposant est le groupe Huawei, figure de proue des télécoms chinois, qui dispose d’une surface de 11.000 m2 – un record dans l’histoire du salon, selon le GSMA.

L’occasion pour le géant des équipements de montrer que les sanctions américaines, qui ont fortement fragilisé sa branche téléphonie, n’ont pas tué sa « capacité d’innovation » ni ses ambitions, selon Thomas Husson.

Au-delà de l’innovation, cette 17e édition du Salon mondial du mobile va permettre aux opérateurs et géants de la tech d’aborder la délicate question du financement des infrastructures, notamment pour la 5G, dans laquelle des sommes pharaoniques ont été injectées.

Les opérateurs défendent de longue date la mise à contribution des géants de l’internet, comme Netflix ou Amazon, gros consommateurs de bande passante. Mais ces derniers s’y opposent fortement.

La situation n’est pas « soutenable », a insisté lundi la directrice générale du groupe Orange, Christel Heydemann, en saluant l’initiative lancée la semaine dernière par la Commission européenne, qui souhaite une « juste contribution » des géants de l’internet pour financer ces infrastructures dans l’UE.

« Je sais que certains vont exprimer leurs inquiétudes » mais le débat « est ouvert à tout le monde », a souligné le commissaire européen à l’Industrie Thierry Breton, présent à Barcelone, disant vouloir une « nouvelle approche » et non « un choix binaire entre ceux qui fournissent le réseau et ceux qui l’alimentent en trafic ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *