Album – «Quand on refuse, on dit non» : Awadi sort sa 7ème merveille

«Quand on refuse, on dit non !» Le titre en dit long sur le message du dernier projet artistique de Didier Awadi. Sorti le 1er février, le projet est un album musical et un court métrage sur l’esclavage dont les rôles sont inversés. Dans l’album, Awadi s’est voulu nostalgique et suffisamment moderne pour embarquer toutes les générations dans son rap.Par Malick GAYE – 5 longues années d’attente ! Mais elles en valaient le coup. Didier Awadi a sorti son album le 1er février dernier. Quand on refuse, on dit non est dans la même logique que Ma révolution, son dernier opus mis sur le marché en 2017. Dans cette nouvelle production, le Supa ndanane international fait un résumé de sa carrière longue de 30 ans. Si dans le texte, ce panafricain convaincu n’est pas sorti de sa zone de confort, sur le plan rythmique, en revanche, il s’est essayé à la tendance. Un risque qui s’est avéré payant à l’écoute du morceau Nangou na (elle a accepté, en wolof Ndlr). Sur du drill qui pourrait faire frémir le plus conservateur des amateurs de rap, Awadi a démontré que ce style musical n’est pas que l’apanage de la nouvelle génération. Dans ce titre, il étale son talent sur une thématique qui parle à toutes les générations. Ce morceau peut à lui seul résumer cet opus qui est un pont entre les générations. Awadi est revenu, lors de la conférence de presse marquant la sortie de l’album, sur la conception de ce disque. «Quand on refuse, on dit non est inspiré du dernier roman de l’écrivain ivoirien, Ahmadou Kourouma. A des moments, il faut prendre ses responsabilités, et c’est Mamadou Dia (homme politique sénégalais, Ndlr) qui m’a beaucoup inspiré aussi quand il disait à Senghor, qui lui demandait de laisser la politique : «Je peux renoncer à tous mes droits, mais je ne peux pas renoncer à mes devoirs.»», explique l’un des membres fondateurs du groupe Positive Black Soul (Pbs), pionnier dans le mouvement hip-hop sénégalais. Fort de ce constat, Awadi estime que si l’Afrique en est encore à ce stade, «c’est qu’elle n’a toujours pas accepté de prendre la plénitude de ses responsabilités.L’indépendance, c’est des devoirs à assumer. La dépendance, c’est des devoirs qu’on a relégués et délégués».Faut-il le préciser, avec ce 7ème disque, Awadi a fait, sur 12 morceaux, voyager les mélomanes à travers ses titres qui mêlent politique, panafricanisme, amour et social, et joués sur des rythmes et mélodies rap, reggae, rnb. Il a même samplé le Bembeya Jazz. L’album s’insère dans un projet artistique multidimensionnel mêlant musique, cinéma et photographie. Le rappeur sénégalais a ainsi présenté un court métrage sur l’esclavage transatlantique en inversant les rôles. Ce film invite surtout à la réflexion, selon le rappeur panafricaniste. «Aujourd’hui, on est obligé d’apporter un plus à un album. Si tu fais seulement un album, tu n’es pas assez visible, et ce qu’on a à dire est plus important et ne pourrait être traduit seulement par la musique. Je pense que le cinéma apporte une valeur ajoutée à une musique. Donc, je crois que c’est une manière de pouvoir exister et continuer notre combat en y ajoutant les outils de notre temps», a expliqué Awadi pour dire son besoin de mettre en scène des acteurs issus des différents continents pour évoquer le sujet de l’esclavage. «Le message, c’est que ça peut arriver à tout le monde d’être dans cette situation. Et si on veut qu’il n’y ait plus de domination et d’asservissement de l’homme par l’homme, il faut se lever et le dire clairement. Toute domination est à proscrire, voilà pourquoi il faut inverser les rôles pour que l’autre puisse comprendre votre douleur. Parce que tant qu’il n’a pas vu ou ressenti ce que vous ressentez, il ne peut pas agir. Donc, je pousse les gens à la réflexion pour que demain, on puisse entreprendre des actions», a-t-il détaillé.

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