Casques bleus au Mali: l’ONU partagée entre une augmentation et un retrait complet

Au Mali, les Nations unies envisagent le renforcement du nombre de leurs casques bleus, mais également leur retrait total. Lors du renouvellement du mandat de la Minusma, en juin dernier dans un contexte tendu, les Nations unies avaient annoncé un rapport évaluant les besoins et le contexte d’intervention de la mission onusienne. Ce rapport doit être publié d’ici la fin janvier. RFI a pu consulter un projet de cette « revue interne », daté du 15 janvier. Ce texte, très avancé mais encore susceptible d’être modifié à la marge, prévoit trois options pour l’avenir de la mission onusienne.

Arrivée de supplétifs russes aux côtés de l’armée malienne, défiance grandissante entre les autorités de transition et certains pays contributeurs de troupes, restrictions imposées par Bamako aux déplacements de la section droits de l’homme de la Minusma… Depuis plusieurs mois, il est clair que l’avenir de la Mission onusienne ne va pas de soi.

Dans ce document, les Nations unies cherchent à s’adapter à toutes ces nouvelles réalités, mais aussi aux demandes de Bamako, qui sollicite elle-même un « changement de posture » de la Minusma, avec une « priorité » qui serait donnée « à la dimension sécuritaire » et à « des actions » plus « offensives ».

Des paramètres à remplir pour un éventuel renforcement

Première option envisagée par les Nations unies : une augmentation du nombre de casques bleus, pour combler les besoins liés à l’extension du mandat de la mission au centre du pays en 2019, à l’expansion de la présence jihadiste – notamment dans le Nord-Est du Mali, région de Ménaka, et dans le Centre –, mais aussi au retrait de la force française Barkhane, achevé cet été, qui apportait un soutien aérien notamment aux forces onusiennes en cas de besoin.

Les Nations unies envisagent ainsi près de 3 700 casques bleus supplémentaires (3680 militaires et policiers, ou 2000 seulement dans une version plus modeste de ce renforcement). Le mandat actuel en autorise un peu plus de 13 000.

Pour que ce renforcement soit possible, il y a toutefois des « paramètres » à remplir. Le premier – et c’est ce que mentionne le rapport – c’est que les autorités maliennes acceptent de fournir les autorisations nécessaires à la Minusma pour se déplacer dans le pays.

Ces derniers mois, de nombreuses demandes déposées par la Minusma sont restées lettre morte, pour les villages où l’armée malienne est visée par des allégations d’exaction, notamment.

Autre contrainte : alors que certains contingents ont déjà annoncé leur retrait (Royaume-Uni, Allemagne, Côte d’Ivoire), il s’agirait de trouver de nouveaux pays contributeurs de troupes.

Deuxième option : le nombre de casques bleus reste inchangé, mais c’est le mandat de la mission qui est révisé : par souci d’efficacité, pour réorienter certains moyens, des camps de taille réduite seraient fermés. Le risque étant que ces fermetures soient perçues comme un « abandon » par les populations. Par exemple à Ber, près de Tombouctou, l’un des camps qui pourraient être fermés alors que la situation dans la zone est particulièrement précaire. Ou encore dans le centre du pays, où la présence jihadiste gagne déjà du terrain.

Une troisième option plus radicale : un retrait de tous les casques bleus

Option 3, la plus radicale : un retrait de tous les casques bleus. La Minusma ne serait plus qu’une « mission politique spéciale », constituée de civils, basés à Bamako uniquement.

Pour des raisons de sécurité, aucun staff onusien ne serait plus déployé à l’intérieur du pays. Cette option impliquerait une coordination importante avec l’armée malienne pour éviter les zones de vide sécuritaires.

Le pré-rapport onusien anticipe une baisse importante du coût de la mission, si cette option était retenue, mais également une « dégradation sérieuse de la situation sécuritaire » dans le pays.

Le rapport définitif doit être présenté d’ici la fin du mois aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU. « La situation actuelle n’est pas viable », précise le projet consulté par RFI, qui précise que la mission onusienne « a fait de son mieux » mais est aujourd’hui « au-delà de ses limites ».

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