Avis d’experts – Inefficacité offensive: Les raisons d’un faible rendement des attaquants
Depuis le début du Chan, 19 buts ont été marqués en 12 rencontres. Une moyenne plutôt faiblarde de 1,73 but par match qui n’étonne pas vraiment l’Ivoirien Georges Kouadio et le Français Denis Lavagne.
Après les deux dernières rencontres disputées avant la parution de cet article (Rd Congo-Côte d’Ivoire 0-0 et Ouganda-Sénégal 1-0), la moyenne atteint péniblement 1,73 but par match. Le Maroc et le Soudan, qui devaient s’affronter le 15 janvier à Constantine, auraient peut-être offert un spectacle riche en buts. Ou pas. Cela n’aurait finalement rien changé au constat fait par de nombreux observateurs sur le faible rendement des attaquants.
Kouadio : «Les meilleurs attaquants africains sont partis»
Hormis les matchs Mozambique-Libye (3-2), Mali-Angola (3-3) et Madagascar-Ghana (2-1), les autres s’achèvent sur les scores de 1-0 et de 0-0. Cela s’est révélé suffisant pour le pays organisateur, poussif vainqueur de la Libye (1-0) et de l’Ethiopie (1-0), pour assurer sa place en quarts de finale. «Mais la réalité est là : les attaquants africains marquent peu de buts. Cela ne me surprend pas dans la mesure où les meilleurs, en général, sont partis : les Subsahariens en Afrique du Nord, en Asie et en Europe. Et les Nord-Africains s’expatrient dans le Golfe Persique et en Europe», observe l’Ivoirien Georges Kouadio, ancien sélectionneur des Eléphants A et locaux, passé aussi par l’As Tanda en tant que directeur sportif, Jomo Cosmos (Afrique du Sud) et Djoliba Ac (Mali).
Les meilleurs joueurs africains, et notamment les attaquants, surtout les plus prolifiques, partent en général très tôt de chez eux. «Ils s’exilent car ils veulent tout simplement vivre de leur métier. Ils rejoignent donc des championnats plus rémunérateurs», poursuit Kouadio. «Beaucoup de championnats s’appauvrissent avec les départs des meilleurs. Même si ceux qui restent sont pleins de bonne volonté, ont des qualités, ils manquent d’efficacité. Regardez les classements des buteurs des championnats africains, vous verrez que les meilleurs dépassent rarement les dix ou quinze buts. Globalement, on marque assez peu de buts en Afrique», intervient Denis Lavagne, passé sur les bancs de clubs en Afrique du Nord, en Afrique du Sud, au Cameroun et récemment en Tanzanie, à Azam.
Lavagne et la question de la formation
Le départ précoce de nombreux jeunes joueurs n’est pas la seule explication à ces problèmes offensifs récurrents. Si Kouadio évoque «les tactiques de plus en plus défensives de nombreux entraîneurs en Afrique», Lavagne soulève une autre hypothèse, celle de la formation des attaquants. «Il y a, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Afrique du Sud, en Rdc, dans quelques pays d’Afrique du Nord, des clubs où il existe un travail de formation en général, et des joueurs offensifs en particulier. Mais c’est loin d’être le cas partout. C’est en s’exilant dans des pays où les conditions de formation et de travail sont meilleures, que ces joueurs progressent…»
Lavagne avance quelques pistes pour atténuer, au moins partiellement, cet inquiétant constat. Dont celle d’autoriser tous les joueurs évoluant en Afrique, et pas seulement ceux jouant dans leur pays, à participer au Chan. «Je ne dis pas que cela va tout changer, mais je pense que cela pourrait améliorer la qualité de la compétition.» Au regard du spectacle plutôt décevant proposé depuis le début du Chan algérien, toutes les idées sont les bienvenues…
Avec sportnewsafrica