Tivaouane : Seynabou Gaye Touré interpelle les entreprises minières et énergétiques
Malgré un important potentiel minier et énergétique, le département de Tivaouane peine à mettre en œuvre des projets structurants au bénéfice des populations. Une situation déplorée par la présidente du conseil départemental, Seynabou Gaye Touré, qui s’exprimait samedi lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’institution, dans le cadre de la présentation de son bilan de fin d’année. Elle a invité les entreprises minières et énergétiques opérant dans le département à « revoir leurs copies ».
La présidente du conseil départemental a dénoncé le faible apport de ces entreprises dans la prise en charge des préoccupations des populations locales. Selon elle, les retombées économiques et sociales demeurent quasi inexistantes, alors même que les activités minières et énergétiques génèrent des impacts négatifs sur le cadre de vie, l’environnement et la santé des populations.
Pour Seynabou Gaye Touré, se limiter à la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), à travers la construction de quelques salles de classe, de maternités ou des dons de médicaments, est largement insuffisant. Elle a même regretté le refus de certaines entreprises de signer des conventions RSE contraignantes, qui les obligeraient à réaliser des investissements structurants. À l’en croire, aucun jeune ne devrait être au chômage dans le département et Tivaouane ne devrait pas souffrir de déficits en infrastructures sanitaires, au moment où l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy Dabakh fait face à de nombreux défis, dans un contexte de silence quasi total de ces entreprises.
Elle a cité, entre autres, la centrale éolienne de Taïba Ndiaye, Synergie SA, la centrale photovoltaïque de Tobène Power, d’un coût de 27 milliards de FCFA, la centrale solaire Cheikh Anta Diop, les Industries chimiques du Sénégal (ICS) ou encore la Grande Côte Opérations (GCO), estimant que ces structures auraient pu accompagner le conseil départemental dans le financement d’un lycée technique, par exemple.
Selon la présidente du conseil départemental, les contrats ayant permis à ces entreprises de s’implanter dans le département ne donnent aucun levier d’action à l’institution départementale, le secteur relevant des prérogatives de l’État central. Le conseil se limite ainsi à des actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès des directeurs généraux, qui, selon elle, sont restés sourds aux différentes interpellations.
Cette situation empêche le conseil départemental de compter sur ces entreprises pour la réalisation ne serait-ce que d’un seul projet parmi la trentaine inscrite dans le Plan départemental de développement, a-t-elle regretté. L’institution doit ainsi se contenter des ressources allouées par l’État, notamment les fonds de dotation et de concours, les 2 % de la TVA, jugés insuffisants, ainsi que de la coopération décentralisée.
Malgré ces contraintes, Seynabou Gaye Touré a dressé un bilan qu’elle qualifie de satisfaisant de ses deux mandats à la tête du conseil départemental depuis 2014. Pour la période 2015-2020, son équipe a mis l’accent sur l’éducation et la formation des jeunes et des femmes, avec la construction de salles de classe, de murs de clôture, d’un collège, la réhabilitation de centres de formation, la mise en place d’un pôle internet et de services associés, la construction de blocs d’hygiène, des dotations en tables-bancs, ainsi que des appuis institutionnels aux services déconcentrés.
Ces réalisations ont été réparties dans plusieurs communes du département, notamment Pambal, Notto Gouye Diama, Niakhène, Ngandiouf, Tivaouane, Taïba Ndiaye, Mékhé et Darou Khoudoss. La coopération décentralisée a également permis des investissements dans les secteurs de la santé, de l’artisanat, de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement. Ces efforts ont été récompensés par le premier prix du Trophée Initiatives Climat lors de la troisième édition du sommet « Africités » en 2018.
Pour son second mandat, couvrant la période 2021-2024, les actions se sont poursuivies avec la réalisation de 23 salles de classe, quatre blocs administratifs, deux terrains multifonctionnels et six blocs d’hygiène. Toutefois, les défis restent importants, a reconnu Seynabou Gaye Touré, soulignant que plusieurs sollicitations sont restées sans réponse, notamment en 2025, année durant laquelle le budget n’a pas pu être exécuté et a été reporté sur 2026.
Ibrahima Ndiaye
Correspondant
LESOLEIL

