Japon: les pacifistes vent debout contre les intentions nucléaires de la Première ministre
Au Japon, la Première ministre Sanae Takaichi est dans la tourmente. Vendredi 19 décembre, un de ses plus proches conseillers, chargé des questions de sécurité nationale à son cabinet, a jugé que l’archipel « devait posséder des armes nucléaires ». Ses propos suscitent un tollé d’anthologie alors que, cet été, ont été commémorés les 80 ans des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki – qui ont fait plus de 200 000 morts. De toutes parts, on exige le limogeage de l’intéressé, mais la cheffe du gouvernement refuse de s’exprimer sur le sujet.
Cette mère de famille vient de participer à un rassemblement de protestation. « En tant que maman, je refuse que mes enfants grandissent dans un pays qui, vu son passé tragique, devrait œuvrer à la paix mais qui, au lieu de cela, se prépare à la guerre. Je m’oppose à ce qu’ils vivent avec la hantise d’être un jour tués ou de devoir tuer en raison de la remilitarisation à outrance du Japon », dénonce-t-elle à notre correspondant à Tokyo, Bruno Duval.
Depuis 1967, l’archipel s’interdit de mettre au point et de posséder des armes nucléaires. Il prohibe aussi leur présence sur le territoire national. Les choses peuvent-elles changer ? Yasuaki Chijiwa est sceptique. Il dirige un institut de recherches lié au ministère de la Défense – et précise s’exprimer à titre personnel. « Cela paraît très peu probable. Le Japon étant le seul pays à avoir été ravagé par le feu atomique, il y a, dans l’opinion, une sorte d »‘allergie nationale » aux armes nucléaires. En plus, il faudrait réviser la loi qui nous impose de n’utiliser l’atome qu’à des fins civiles et non militaires. Enfin, Tokyo a signé et ratifié le Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Bref, changer tout cela semble assez compliqué », analyse-t-il.
Mais cette « allergie nationale » aux armes nucléaires doit être nuancée. À en croire la dernière enquête d’opinion en date, près d’un sondé sur trois souhaite que des ogives américaines soient entreposées dans les bases militaires que le Pentagone possède au Japon.
La Corée du Nord s’oppose aux ambitions nucléaires du Japon
La Corée du Nord a averti dimanche que les ambitions nucléaires du Japon « devaient être empêchées à tout prix », selon l’agence officielle KCNA, après les déclarations du responsable japonais. Ces propos montrent que Tokyo « révèle ouvertement son ambition de posséder des armes nucléaires, franchissant la ligne rouge », a déclaré le directeur de l’Institut d’études japonaises du ministère des Affaires étrangères de Pyongyang dans un communiqué diffusé dimanche par KCNA.
« Il ne s’agit pas d’un lapsus ni d’une affirmation téméraire, mais cela reflète clairement l’ambition de longue date du Japon d’une nucléarisation », a ajouté le responsable nord-coréen, dont le nom n’a pas été divulgué. Le responsable a ajouté que si le Japon se dotait d’armes nucléaires, « les pays asiatiques subiraient une horrible catastrophe nucléaire et l’humanité serait confrontée à une grande catastrophe ».
Le communiqué ne mentionne pas le propre programme nucléaire de Pyongyang, qui a réalisé plusieurs essais de bombes atomiques en violation des résolutions de l’ONU. La Corée du Nord possède des dizaines d’ogives nucléaires, selon les experts, malgré l’imposition de sanctions internationales, et affirme que cet arsenal est une dissuasion nécessaire face à ce qu’elle considère comme la menace militaire des États-Unis et de ses alliés.
SOURCE RFI

