Tournée économique du Chef de l’Etat en Casamance : mission pour un redressement territorial global

Du 20 au 25 décembre 2025, le président de la République Bassirou Diomaye Faye, entame une tournée économique dans la région du sud du Sénégal. La Casamance, zone historiquement marquée par des contraintes structurelles profondes.  Cette visite présidentielle s’inscrit dans un contexte de fortes attentes en matière de développement économique, de désenclavement territorial, d’amélioration des infrastructures, mais aussi de consolidation pérenne de la paix dans une région longtemps affectée par un conflit.

Le choix d’une tournée dans le Sud témoigne de l’importance stratégique accordée à cette région au sein de l’agenda national de développement. Il s’agit pour le chef de l’État d’évaluer sur le terrain l’état d’avancement des projets en cours, d’accélérer les investissements publics et privés, et de définir une feuille de route territoriale mieux adaptée aux réalités locales. En se rendant sur un territoire souvent confronté à l’enclavement, aux difficultés économiques et aux séquelles d’un conflit prolongé, le président Faye entend marquer une volonté politique : celle de placer la Casamance au cœur de la politique de relance et de justice territoriale du Sénégal.

La Casamance, malgré son riche potentiel agricole, halieutique, forestier et touristique, demeure l’une des régions les plus sous-développées du pays, avec des besoins criants en infrastructures et services. Le désenclavement par la modernisation du réseau routier reste une priorité majeure. Les axes comme la route régionale 21 ou la réhabilitation de la Transgambienne (Route nationale 4) sont essentiels pour relier efficacement la région au reste du pays et faciliter les échanges économiques et humains, tout en réduisant l’isolement historique des zones rurales.

Le programme de la tournée prévoit des visites de chantiers routiers et agricoles, des inaugurations d’infrastructures, des rencontres avec les acteurs économiques locaux, ainsi que des échanges avec les autorités administratives, coutumières et les représentants de la société civile. Cette approche vise à favoriser une gouvernance inclusive, fondée sur la concertation et la prise en compte des préoccupations réelles des populations.

En matière agricole, la Casamance, qui fut pendant des décennies un grenier rizicole du Sénégal, a vu sa production affaiblie par l’insuffisance d’investissements, le vieillissement des infrastructures d’irrigation et l’absence de mécanisation accrue. Le soutien aux filières rizicole et horticole constitue ainsi une exigence exprimée, en vue d’inverser cette dynamique et de renforcer la sécurité alimentaire locale. L’agriculture intégrée, combinée à un développement touristique durable, pourrait par ailleurs stimuler la création d’emplois et renforcer l’attractivité des zones rurales.

Le tourisme, secteur porteur de croissance potentielle, reste encore largement sous-exploité, malgré un patrimoine naturel et culturel unique. Une meilleure articulation entre protection environnementale, valorisation des sites historiques et développement des infrastructures d’accueil est nécessaire pour que cette activité devienne un moteur économique durable, créateur d’emplois pour les jeunes et les femmes.

Outre les défis économiques, l’enjeu sécuritaire demeure central. La Casamance a été le théâtre de l’un des conflits internes les plus longs d’Afrique, opposant l’État sénégalais au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) depuis les années 1980. Bien que des accords de paix aient été signés avec certaines factions du mouvement, des tensions subsistent avec des poches rebelles et des fractures internes au sein du MFDC. La tournée présidentielle peut-être est donc perçue comme un signal fort en faveur du renforcement de la paix et de la stabilité.

La consolidation des acquis du processus de paix passe par un soutien tangible aux populations affectées par des décennies de conflit, notamment les personnes déplacées, ainsi que par des initiatives de dialogue intercommunautaire, de réinsertion socio-économique des anciens combattants et de désarmement effectif. Le renforcement de l’État de droit, la promotion de la cohésion sociale et l’accès équitable aux services publics constituent des conditions essentielles pour prévenir le retour à l’insécurité et aux tensions latentes.

Sur le plan institutionnel et politique, cette tournée intervient également à un moment où l’État s’efforce de renforcer la présence de ses structures déconcentrées dans les zones périphériques, souvent ressenties comme marginalisées par les populations locales. Il s’agit, d’ancrer une dynamique de développement qui transcende les disparités régionales et qui s’inscrit dans une logique de redistribution équitable des ressources et des opportunités.

Le Directeur général de l’Agence nationale pour la relance des activités socio-économiques de la Casamance (ANRAC), Ibba Sane, a mis en avant l’importance symbolique de cette visite. Il a souligné que la venue du président de la République suscite de l’espoir et offre une occasion unique d’exposer les contraintes locales dans toute leur complexité, en vue de mobiliser des réponses adaptées. Il a également évoqué les premières évaluations du « plan Diomaye pour la Casamance », estimant à 40 % le taux d’exécution des actions prévues, tout en rappelant que des efforts soutenus sont encore nécessaires pour transformer durablement le tissu socio-économique régional.

En définitive, la tournée du président Bassirou Diomaye Faye dans le Sud du Sénégal se présente comme un moment pour réaffirmer l’engagement de l’État envers la Casamance, en articulant paix, développement économique et cohésion sociale dans une perspective de transformation structurelle durable.

Ignace NDEYE
LESOLEIL

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