Un nouvel accord entre la RDC et le Rwanda sous méfiance
Kinshasa et Kigali ont décidé de relancer leur coopération économique à travers un accord signé à Washington. Objectif : renforcer les échanges transfrontaliers, stimuler les liens commerciaux et créer des emplois locaux.
Pour Nera Chanera Kanyinda, coordonnateur du mouvement citoyen ECCHA-RDC (Engagement citoyen pour le changement), cet accord marque un « signal de dialogue régional après plusieurs années de tensions »
Mais l’activiste appelle à la prudence : « Si cet accord est sincère, il pourra aider à réduire le conflit à travers des chaînes de valeur transfrontalières. Mais sans justice, ni vérité sur les causes profondes de la crise dans l’Est de notre pays, il ne peut y avoir d’intégration durable », prévient-il.
Appel à l’inclusion de la société civile
Nera Chanera Kanyinda espère que le partenariat favorisera la création d’emplois et dynamisera le commerce local, tout en renforçant le développement transfrontalier.
Cependant, il réclame des garanties de transparence et de bonne gouvernance.
« Nous exigeons la participation active de la société civile pour que les actions de l’État produisent des résultats concrets. La traçabilité des minerais doit être assurée pour éviter tout pillage, et des clauses environnementales fortes doivent protéger nos forêts, nos eaux et nos communautés », insiste-t-il.
Un équilibre à trouver
De son côté, le professeur Roger-Claude Liwanga, enseignant à l’Université Emory (États-Unis), estime que cet accord pourrait générer d’importants dividendes de la paix, à condition d’être bien encadré.
Selon lui, les avantages sont multiples : stabilité accrue, baisse des coûts liés à l’insécurité, amélioration des infrastructures et développement de l’emploi local.
Mais il met aussi en garde contre plusieurs risques, à savoir : une intégration économique déséquilibrée au détriment de la RDC ; une mise en œuvre tardive ou inefficace ; et une perte de souveraineté sur les ressources nationales.
Pour garantir le succès du partenariat, le chercheur recommande de sécuriser les zones frontalières, d’assurer l’équité économique, de renforcer les infrastructures et d’impliquer les populations locales.
« Seules la transparence et la reddition de comptes permettront à la RDC d’accroître la valeur ajoutée locale et de diversifier réellement son économie », conclut-il.
Auteur: Nancy Tshimueneka

