Avec les annonces de Poutine et de Trump, la course mondiale au nucléaire est-elle relancée?

Les États-Unis ont déclaré, jeudi 30 octobre, la reprise de leurs essais d’armes atomiques, ce qu’ils ne faisaient plus depuis 1992. L’annonce intervient alors que la Russie a récemment enregistré des succès en matière d’armements nucléaires. Les puissances dotées de l’arme atomique montrent les muscles et inquiètent l’ONU.

Il n’a précisé ni la date, ni le lieu, ni la nature de ces essais nucléaires. Donald Trump s’est contenté de dire, sur son réseau Truth Social, que « ce processus commence immédiatement ». Ce qui semble impossible, en plein « shutdown » aux États-Unis. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le locataire de la Maison Blanche veut impressionner la Chine, troisième puissance nucléaire mondiale ; il a fait son annonce juste avant de rencontrer Xi Jinping en Corée du Sud.

Pour son vice-président J.D. Vance, de nouveaux essais d’armes atomiques sont nécessaires au bon fonctionnement de l’arsenal nucléaire américain. « Nous avons un arsenal important, évidemment. Les Russes ont un arsenal nucléaire important. Les Chinois ont un arsenal nucléaire important. Parfois, vous avez besoin de le tester pour s’assurer qu’il est en état de marche et fonctionne bien », a-t-il déclaré devant la presse à la Maison Blanche. « Pour être clair : nous savons qu’il fonctionne proprement, mais vous devez veiller à cela au fil du temps », a-t-il insisté.

L’annonce du président des États-Unis se veut aussi être une réponse à Vladimir Poutine, qui s’est vanté ces derniers jours d’avancées dans le domaine de l’armement nucléaire. Dimanche 26 octobre, le président russe se félicitait de la réussite de l’essai final d’un missile de croisière à propulsion atomique. Et mercredi 29 octobre, il se réjouissait du succès du test d’un drone sous-marin capable de transporter des ogives nucléaires.

Le Kremlin a toutefois tempéré son propre entrain jeudi, peu après les messages de Donald Trump. Selon le porte-parole du pouvoir russe, Dmitri Peskov, les essais du 26 et du 29 octobre ne sauraient être définis comme des « essais nucléaires ». « Tous les pays s’occupent du développement de leur défense » mais les essais réalisés par la Russie ces derniers jours « ne constituent pas un essai nucléaire », a-t-il répété.

L’ONU hostile aux essais nucléaires et inquiète face à toute « escalade aux conséquences catastrophiques »

Que ce soit à Washington ou à Moscou, les déclarations sont quelque peu floues. Et elles relèvent surtout de la rhétorique selon le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations unies. « C’est, pour prendre un terme un peu vulgaire, un jeu de gros bras entre M. Poutine et M. Trump. M. Poutine fait des déclarations sur des armes nouvelles, exceptionnelles, que seule la Russie possède ; c’est bien évidemment de la propagande – même si c’est probablement vrai – vis-à-vis de la population russe. Ce à quoi M. Trump répond, comme d’habitude, que c’est lui le plus fort », explique-t-il à RFI.

Donald Trump a évoqué « d’autres pays » qui mènent des programmes d’essais. Peut-être pensait-il à la France ? La nouvelle version du missile nucléaire océanique français est, en effet, entrée en service la semaine dernière. Mais le président américain assure que son but n’est pas de relancer la course au nucléaire. Il prétend même vouloir l’inverse.

Farhan Haq, porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, a lui rappelé que les essais nucléaires « ne doivent jamais être permis, sous aucune circonstance ». « Les risques nucléaires actuels sont déjà élevés de façon alarmante, et toute action qui pourrait conduire à une erreur de calcul ou à une escalade avec des conséquences catastrophiques doit être évitée », a-t-il déclaré.

Dominique Trinquand, lui, ne verse pas dans l’alarmisme face aux déclarations des puissances nucléaires et rappelle le principe de la dissuasion nucléaire, qui retient tout usage de l’arme atomique depuis 80 ans : « Le nucléaire n’a plus été utilisé depuis 1945. Et il a été utilisé à l’époque parce que les Américains étaient les seuls à l’avoir. Aujourd’hui, personne ne s’amuserait à utiliser l’arme nucléaire, sachant qu’une réplique nucléaire pourrait venir immédiatement. »

SOURCE RFI

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