Mission spatiale au Royaume-Uni: la mise en orbite historique se solde par un échec
Une tentative pour lancer la première fusée dans l’espace depuis le sol britannique s’est soldée par un échec dans la nuit de lundi à mardi, une « anomalie » ayant empêché sa mise en orbite et donc d’entrer dans le club très exclusif des pays ayant leur propre accès à l’espace.
Une tentative historique… et finalement un échec. Le lancement de la première fusée dans l’espace depuis le sol britannique n’a pas été concluante, dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 janvier. « Il semble que nous ayons une anomalie qui nous empêche d’atteindre l’orbite », a tweeté Virgin Orbit, l’entreprise organisatrice de cette mission qui devait catapulter le Royaume-Uni dans le club « exclusif » des pays capables d’envoyer des engins dans l’espace.
Le Boeing 747 de Virgin Orbit transportant la fusée de 21 mètres avait décollé lundi soir à 22 h 02 GMT depuis le Spaceport des Cornouailles, un consortium qui comprend Virgin Orbit et l’Agence spatiale britannique, à l’aéroport de Newquay dans le sud-ouest de l’Angleterre. Le but de la mission était de lancer dans l’espace neuf satellites, ce qui aurait été une grande première au Royaume-Uni.
La fusée s’est ensuite détachée de l’avion et ses moteurs se sont allumés à une hauteur de 35 000 pieds au-dessus de l’océan Atlantique, au sud de l’Irlande, vers 23 h 15 GMT. Mais l' »anomalie » de nature non précisée l’a empêché d’atteindre l’orbite voulue.
Des centaines de personnes avaient assisté au départ de la mission, baptisée « Start Me Up » en référence au tube des Rolling Stones, et assurée par la société Virgin Orbit du milliardaire britannique Richard Branson, spécialisée dans les lancements spatiaux pour petits satellites.
En cas de réussite, le Royaume-Uni serait devenu le neuvième pays du monde à être capable de mettre des satellites en orbite.
« Rejoindre ce club très exclusif est tellement important car cela nous donne notre propre accès à l’espace, cet accès souverain à l’espace que nous n’avons jamais eu auparavant au Royaume-Uni », avait souligné avant le lancement sur la BBC Melissa Thorpe, directrice du Spaceport Cornwall. Elle avait rappelé que l’Europe avait perdu son accès au lanceur russe Soyouz depuis l’invasion de l’Ukraine, compromettant son accès à l’espace.
Neuf satellites devaient être mis en orbite
La fusée de 21 mètres, baptisée LauncherOne, était fixée sous l’aile d’un Boeing 747 modifié appelé « Cosmic Girl ». Une fois l’altitude adéquate atteinte, l’avion a lâché la fusée qui a alors démarré son propre moteur pour se propulser. L’avion est ensuite retourné au Spaceport des Cornouailles.
Lancer une fusée depuis un avion est plus simple qu’un décollage vertical car théoriquement une simple piste d’aviation suffit, au lieu d’une coûteuse rampe de lancement spatiale.
Dans le passé, Virgin Orbit, qui offre un service de lancements spatiaux rapide et adaptable pour des satellites entre 300 et 500 kg, a déjà mis en orbite d’autres fusées lancées depuis des avions. Fondée en 2017 par Richard Branson, la société avait réussi, pour la première fois en janvier 2021, à mettre une fusée dans l’espace via cette méthode, depuis un Boeing 747 parti du désert californien.
Pour le lancement britannique, neuf satellites devaient être mis en orbite avec des objectifs variés, « de l’observation de la Terre à la surveillance de la pêche illégale en passant par la construction de satellites et de produits pour les fabriquer dans l’espace », avait expliqué Melissa Thorpe.
Jusqu’à présent, les satellites britanniques doivent être lancés dans l’espace depuis l’étranger, mais le pays cherche à soutenir son industrie aérospatiale après que son rôle au sein des projets européens a été remis en question par le Brexit.
Outre le Spaceport des Cornouailles, le Royaume-Uni souhaite ouvrir une base spatiale à Sutherland, dans le nord de l’Écosse, et une autre sur une île des Shetland. Selon un communiqué du gouvernement écossais début janvier, des lancements sont prévus depuis ces deux bases « dans les prochains mois ».
Avec AFP