Les parrainages, une bataille aux allures de pré-campagne en Côte d’Ivoire
Par Christelle Pire – TV5.ORG
En Côte d’Ivoire, l’élection présidentielle du 25 octobre se prépare. Mais avant la campagne, les candidats doivent relever un premier défi: obtenir le parrainage citoyen. Les candidats à la présidentielle doivent recueillir 1% des signatures des inscrits des listes électorales répartis dans au moins la moitié des régions et des districts du pays.
L’affaire est déjà entendue pour le parti d’Alassane Ouattara. En 24 heures, les militants du parti présidentiel, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), ont réussi à recueillir les 1% nécessaire à la candidature de leur champion, le président sortant.
« On veut remercier le président Ouattara »
Cette mobilisation a des allures de démonstration de force politique pour le pouvoir en place. « En 24 heures, on a eu les 1%. On veut aller plus loin, obtenir 2%, 3%, 4%, 5%. C’est une manière de dire merci au président Alassane Ouattara« , explique à TV5MONDE Brahima Cissé, cadre du RHDP pour Dabou Commune, dans le nord du pays.
Cette collecte de signatures est une étape cruciale pour toute candidature à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, nécessitant un soutien citoyen dans au moins la moitié des régions et districts du pays. Et surtout elle prend une allure de pré-campagne.
Les candidats ont jusqu’au 26 août pour soumettre leur dossier de candidature, incluant le parrainage citoyen, à la Commission électorale indépendante. Le Conseil constitutionnel publiera ensuite la liste définitive des candidats retenus d’ici mi-septembre. Ce mode de sélection des candidats a été introduit en 2020 lors du dernier scrutin présidentiel. Et sur les 44 candidatures déposées, 40 avaient été refusées, faute de signatures suffisantes.
Un défi pour de nombreux candidats indépendants
« Le parrainage a été mis en place pour filtrer les candidatures et éviter les candidats qui n’ont pas une assise nationale », explique Arsène Brice Dado, enseignant au Centre de recherche et d’action pour la paix.
Pour certains candidats indépendants comme Tiémoko Assalé c’est un véritable défi. Il faut être organisé et surtout avoir de l’argent. Il faut parcourir des dizaines de villes et villages. Et ces déplacements ont un coût.
C’est ce que confirme Roger Yaoun, Secrétaire général du ADCI, le parti de Tiémoko Assalé. « On savait qu’on allait avoir des difficultés. Il fallait se déplacer sur l’ensemble du territoire très vite. Nous ne sommes pas un mouvement politique très bien implanté comme les autres structures traditionnelles », reconnaît le militant politique.
Le climat politique reste tendu dans le pays. Le 18 août, l’ancien président Laurent Gbagbo a appelé à Abidjan ses partisans à s’opposer à un quatrième mandat du président sortant Alassane Ouattara. « Je voudrais que vous tous qui êtes là vous alliez lui dire qu’il ne fera pas ce 4e mandat. Il faut être clair et net, il n’y aura pas de 4e mandat. Notre détermination est sans faille. »
Les principaux candidats de l’opposition ont été écartés avant le lancement du parrainage citoyen. Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ex-Premier ministre en exil Guillaume Soro sont radiés des listes électorales en raison de condamnations judiciaires. Tidjane Thiam, le président du PDCI, est également inéligible pour des questions de nationalité.

