Programme élargi de vaccination : le Sénégal veut remonter la pente

Le ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) a lancé, mardi 19 août, un forum de plaidoyer consacré au repositionnement du Programme élargi de vaccination (PEV), pilier de la lutte contre la mortalité néonatale, infantile et maternelle. Longtemps considéré comme un modèle en Afrique, le PEV sénégalais a vu ses performances s’essouffler depuis la pandémie de Covid-19, malgré plusieurs tentatives de relance.

Le Sénégal s’était fixé des objectifs ambitieux : atteindre au moins 90 % de couverture vaccinale pour les enfants de 0 à 23 mois, concernant les 13 antigènes au calendrier, immuniser 90 % des filles âgées de 9 à 13 ans contre le papillomavirus humain, responsable du cancer du col de l’utérus, et protéger 90 % des femmes enceintes ou en âge de procréer contre le tétanos. Des cibles longtemps à portée de main, jusqu’à ce que la crise sanitaire mondiale ne vienne compromettre les acquis.

Lors de l’ouverture de l’atelier, le directeur de la Prévention au MSAS, Dr Mamadou Ndiaye, a dressé un constat sans détour : « Entre 2019 et 2025, les performances ont diminué dans toutes les régions, même si des efforts sont faits pour remonter la pente ». Certaines zones se distinguent néanmoins par leur résilience, à l’image de Dakar, Diourbel, Kaffrine, Kaolack, Louga, Saint-Louis et Thiès. Mais, insiste-t-il, le défi reste de taille : « Le PEV a eu un fort impact pour la réduction de la mortalité infantile. Ces opérations de vaccination doivent se manifester par la production de vaccins de qualité et en quantité, une logistique adéquate, des prestations de services, mais aussi la surveillance des maladies et la communication ».

Le financement apparaît comme la principale équation à résoudre. « Les grands défis restent la pérennisation du financement, notamment l’achat des vaccins », a souligné Dr Ndiaye, plaidant pour un cadre légal solide : « Il nous faut aller peut-être vers l’adoption d’une loi sur la vaccination qui est importante même en cas d’épidémie avec les refus. Il faut offrir la vaccination à tous les cycles, y compris aux derniers enfants et aux derniers kilomètres, pour ceux qui ont difficilement accès aux structures de santé ».

Son ministre de tutelle, Dr Ibrahima Sy, a abondé dans le même sens, appelant à replacer le PEV au cœur des soins de santé primaires : « C’est un des piliers importants de la prévention. Si on arrive à avoir une bonne performance en termes de vaccination, ça veut dire qu’on pourra éviter beaucoup de maladies évitables par la vaccination. Ce sont des gains en termes de dépenses de santé pour le système, mais aussi pour les ménages si on relève le taux vaccinal ».

Pour expliquer le recul observé, Dr Sy a pointé plusieurs freins : « Il va falloir travailler pour pouvoir les identifier avec l’ensemble des participants, et voir comment on peut les adresser. Mais je pense que les plus importants, ce sont les aspects financiers, les idées reçues, mais aussi la mobilisation des communautés ».

Cette rencontre, prévue sur deux jours (19-20 août), réunit gouverneurs de régions et directeurs régionaux de santé, preuve que la relance du PEV est désormais érigée en priorité nationale. Une étape décisive pour un pays qui a bâti sa réputation en Afrique de l’Ouest sur les succès de sa politique vaccinale, et qui veut renouer avec cette dynamique après des années d’érosion.

DENISE ZAROUR MEDANG 
SUDQUOTIDIEN

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