Exploitation minière : le maire de Méouane affligé par les manquements de GCO, l’entreprise brandit ses réalisations
Méouane, (APS) – Le maire de Méouane (Tivaouane, ouest), Cheikh Sall, a vivement dénoncé les impacts jugés “désastreux” de l’exploitation minière sur les populations locales et leur environnement, pointant du doigt les activités de la société Eramet Grande Côte (GCO) comme étant au cœur des “dérives” en question, ce à quoi l’entreprise répond, en évoquant sa contribution à l’économie nationale et au développement des communautés locales, depuis le début de ses activités en 2015.
Le maire de Méouane a fustigé, ce weekend lors d’un forum communautaire, “la destruction progressive de l’écosystème, la recrudescence des maladies, la disparition des cultures vivrières et l’enclavement des villages”.
Il a aussi déploré “le mépris manifeste des entreprises minières pour les lois de la République et les droits fondamentaux des communautés riveraines”.
“Les sociétés minières sont aux aguets, prêtes à commettre des actes irréparables. À Méouane, la nature est blessée, les populations souffrent et les retombées économiques nous échappent”, a martelé Cheikh Sall.
Il a dénoncé des “contrats léonins” signés sans consultation locale.
Le maire a notamment mis en cause Eramet Grande Côte, qu’il accuse de “graves atteintes” aux droits humains et à l’environnement.
Il évoqué un drame survenu au village de Gad, où une femme a été mortellement percutée par un train de la société. Il a fustigé aussi l’attitude de la société minière, qui aurait selon lui, allégué que la victime souffrait de déficience mentale.
Cheikh Sall a également déploré l’ “absence totale de soutien médical” des compagnies minières, face aux problèmes sanitaires que vivent les populations locales.
“Pas une boîte de paracétamol depuis des années. Pourtant, les cas d’asthme, de tuberculose ou de diarrhée se multiplient”, a-t-il regretté.
Appelant à une justice environnementale, le maire a annoncé son intention de porter l’affaire devant les juridictions compétentes, pour demander réparation.
“Nous sommes des légalistes, mais nous irons jusqu’au bout. La justice doit s’appliquer, même face aux multinationales”, a-t-il martelé.
Il a enfin appelé l’État à “revoir en profondeur” sa politique minière et à garantir “une véritable reconnaissance des droits des communautés” affectées.
Eramet Grande Côte revendique une contribution majeure à l’économie nationale
Interpellée sur ces accusations, la société Eramet Grande Côte a apporté des éléments de réponse qu’elle qualifie de “factuels et vérifiables”.
L’entreprise rappelle que l’exploitation se fait exclusivement sur les dunes, à bonne distance des zones maraîchères ou du cordon des Niayes, et qu’elle s’accompagne d’une revégétalisation systématique des terres exploitées.
“En 2022, une superficie de 85 hectares a ainsi été restituée à l’État du Sénégal, avec l’appui de la Direction des Eaux et Forêts”, relève-t-elle.
GCO souligne par ailleurs que la zone des Niayes connaît en 2024-2025 une “campagne horticole historique, avec une production attendue de 245 000 tonnes, soit près du double des besoins annuels du pays”.
Une performance largement soutenue, selon la société, par les efforts conjoints de l’État et des acteurs locaux.
Sur le plan économique, Eramet Grande Côte affirme avoir généré 121,3 milliards de francs CFA de retombées économiques en 2024, dont 70,2 milliards FCFA en achats locaux.
S’y ajoutent 27,5 milliards de francs CFA versés à l’État en impôts et taxes, 22,3 milliards FCFA de masse salariale.
Engagement communautaire et sécurité ferroviaire
Depuis le lancement de ses opérations en 2015, l’entreprise affirme avoir versé plus de 114,8 milliards de francs CFA au Trésor public sénégalais. Ce qui l’amène à revendiquer un “ancrage fort dans l’économie nationale, avec 77 % de ses achats réalisés localement”.
GCO soutient avoir investi 25,9 milliards de francs CFA dans des projets communautaires entre 2020 et 2025. Il s’agit de la construction de six écoles primaires, neuf “daaras” (écoles coraniques), quatre centres de santé, de la réalisation de réseaux d’eau potable, de maisons communautaires, de marchés et gares routières.
La réinstallation de 577 ménages, accompagnée de logements équipés, de terrains agricoles et de mini-forages solaires, a aussi été citée au nombre de ses actions au profit des communautés locales.
L’entreprise indique également avoir lancé à Lompoul (Louga, nord), un “projet structurant” dans le secteur du tourisme, baptisé Oasis du Sénégal, pour un montant de 2 milliards de francs CFA.
Dans le domaine de la sécurité ferroviaire, GCO a mis en œuvre dès 2024 un programme baptisé Rail Safety, visant à sécuriser les 100 kilomètres de voie ferrée entre Mékhé et Dakar. Ce programme inclut, selon GCO, l’installation de clôtures, la création de passages surveillés et des campagnes de sensibilisation dans toutes les localités traversées.
Un comité départemental de sécurité ferroviaire a été installé en janvier 2025 sous la présidence du préfet de Tivaouane. GCO insiste sur le fait que ce programme a été élaboré en concertation avec les chefs de villages, les autorités religieuses, les femmes et les jeunes.
L’entreprise met aussi en avant son ”engagement pour la transparence” à travers son adhésion volontaire à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) depuis 2011. Elle rappelle que 34 réunions communautaires ont été organisées depuis mai 2025, rassemblant plus de 4 300 participants.
MKB/ADI/MTN

