Au Brésil, une tentative d’insurrection prévisible?

Des milliers de partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro ont envahi le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême à Brasilia, dimanche 8 janvier, une semaine après l’investiture du président de gauche Lula. Les forces de sécurité ont semblé dépassées. Pourtant, les signes annonciateurs étaient nombreux. 

Ce qui a surpris, c’est la facilité avec laquelle les manifestants ont approché les bâtiments officiels, alors qu’on savait qu’il y avait des tensions, que beaucoup de partisans de Jair Bolsonaro contestaient la victoire de Lula et cherchaient à en découdre, rappelle Martin Bernard, notre correspondant au Brésil. Les manifestants ont franchi un barrage de police, apparemment sans grande résistance, et ils ont tout saccagé dans leur sillage à la présidence, au Congrès et à la Cour suprême. Si les autorités semblaient dépassées, cela faisait pourtant des mois que les militants bolsonaristes évoquaient une action violente. Dès la victoire de Lula, des centaines de pro-Bolsonaro ont, en effet, commencé à camper devant les QG de l’armée pour réclamer un coup d’État. Fin décembre, la police avait déjoué une tentative d’attentat.

« Les différents groupes se sont organisés ces derniers mois »

Brasilia, Sao Paulo, Rio, Belo Horizonte… Dans toutes les grandes villes, les Bolsonaristes campaient toujours jusqu’à vendredi, quand la police les a évacués. Avant qu’ils ne regagnent les lieux le lendemain. Des bus remplis de partisans de Bolsonaro n’ont alors cessé d’arriver dimanche, tandis que sur les réseaux sociaux, les appels à la violence et à l’insurrection devenaient de plus en plus violents. Les médias et les élus pro-Lula ont alors été forcés de tirer le signal d’alarme.

Pour Odilon Caldeira Neto, professeur d’histoire de l’université fédérale de Juiz-de-Fora et coordinateur de l’Observatoire de l’extrême droite, « c’était prévu. Les différents groupes se sont organisés ces derniers mois, articulés par Bolsonaro puis mobilisés par certains militaires comme le général Braga, le général Augusto Heleno. Et ils ont eu le soutien financier de chefs d’entreprise de secteurs financiers stratégiques pour le camp Bolsonaro, comme le secteur de l’agronégoce. Par ailleurs, il faut souligner que certains secteurs de la police militaire, qui démontraient déjà un certain degré de bolsonarisation au cours de ces dernières années, ont été plus que laxistes face aux agitations antidémocratiques », souligne-t-il.

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