Le pape François préside les obsèques de Benoît XVI, une première dans l’histoire récente de l’Église
Les obsèques du pape Benoît XVI, décédé le 31 décembre, se déroulent ce jeudi 5 janvier 2023 sur la place Saint-Pierre sous l’autorité de son successeur François. Une image inédite qui invite à se poser la question de l’avenir de la fonction papale.
Des dizaines de milliers de personnes sont attendues jeudi matin place Saint-Pierre pour les obsèques du pape émérite Benoît XVI. Elles seront présidées par son successeur François, une première dans l’Histoire récente de l’Église. La cérémonie – « solennelle mais sobre », selon le Vatican doit débuter à 8h30 TU, en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement.
La messe sera plus exactement célébrée par le doyen du Collège des cardinaux car le pape François sera en fauteuil roulant à cause de ses problèmes au genou.
Puis le cercueil de Joseph Ratzinger, sur lequel 195 000 fidèles se sont recueillis en trois jours, sera transféré dans les grottes du Vatican, sous la basilique, où ont été inhumés Jean-Paul II ou encore Jean XXIII, avant leur béatification.
Ces obsèques de Benoît XVI, qu’un de ses biographes, Bernard Lecomte, appelait « le dernier pape européen », marquent la fin d’une époque. La question est désormais de savoir comment va se dessiner l’avenir pour François.
C’est une période insolite qui s’achève, puisqu’on aura eu, pendant quelques années, un pape en fonction sur le siège de Saint-Pierre, comme on dit, et un pape émérite à quelques centaines de mètres…
Bernard Lecomte, journaliste, auteur notamment de «Benoît XVI, le dernier pape européen»
Véronique Gaymard
La démission du pape Benoît XVI, un précédent
La coexistence entre le pape émérite et son successeur en exercice, tous deux en toge blanche, avait créé une situation assez inédite. S’ouvre maintenant la possibilité pour le pape argentin François, alias Jorge Bergoglio, de démissionner à son tour.
Benoît XVI avait ouvert la voie avec sa démission qui fut une première en 700 ans, depuis celle du pape Célestin V, en 1294, montrant qu’il était humain et faillible. Ce souverain pontife estimait que la lourde tâche de diriger l’Église catholique de Rome au XXIe siècle ne pouvait s’exercer sans avoir ses pleines facultés physiques et mentales.
L’air de rien, Benoît XVI a complètement déconnecté la fonction pontificale de la personnalité. Il a dit : « Écoutez, moi, je suis pape pour ce que je suis pape, et par ailleurs je m’appelle Ratzinger et je suis Ratzinger, voilà ». Ce sont deux choses qui sont différentes et il ne faut pas tout confondre. Ça ouvre la voie à une démission, dans les années qui viennent, du pape François. Maintenant, il peut démissionner.
Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef au quotidien La Croix, ancienne correspondante à Rome
Véronique Gaymard
Le pape François pourrait-il à son tour s’en aller ?
François a laissé la porte ouverte à cette possibilité car il a déjà signé une lettre de démission en cas de problème de santé. Mais ce ne sera pas pour tout de suite : le Saint-Père entame un voyage fin janvier en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.
Ces deux escales, le chef de l’Église catholique les avait reportées en raison de ses problèmes de santé, en juin dernier. François se rendra ensuite au Portugal en août puis il devrait terminer les travaux du Synode en 2024.
Il y sera question du regard du Vatican sur la question ancestrale et épineuse du mariage des prêtres, mais également de la place des femmes et de la gouvernance de l’Église.