Saint-Louis / « Évictions, relocalisation, arrangements fonciers et justice socio-spatiale au Sénégal »

Le cadre conceptuel et méthodologique de ce projet lancé et partagé par les chercheurs et les acteurs à l’UGB – L’Université Gaston Berger de Saint-Louis a abrité un atelier de lancement et de partage du cadre conceptuel et méthodologique du projet intitulé « Justice Foncière ». L’objectif de ce projet de recherche est de produire des travaux de recherche comparatifs sur les processus de dépossession foncière, leurs causes et leurs conséquences pour les familles impactées, sous l’angle novateur des enjeux de justice socio-spatiale et environnementale. Il est mis en œuvre par le dispositif « Jeune Équipe Associée à l’IRD » qui est un dispositif partenarial de l’IRD dont l’objectif est l’émergence ou le renforcement d’équipes de recherche des pays du Sud dans le cadre de partenariats scientifiques avec des unités de recherche de l’IRD, sur une thématique de recherche liée aux grands enjeux sociétaux, sanitaires et environnementaux actuels. « C’est un projet de recherche appuyé par l’IRD pour trois ans et qui regroupe les universités de Saint-Louis, de l’UCAD, de l’ENSA, mais également des chercheurs de l’IRD et ainsi qu’un think-tank qu’on appelle IPAR.

En réalité, nous sommes partis du concept de phénomène de dépossession  foncière noté un peu partout au Sénégal. Nous sommes partis du concept de beaucoup d’enjeux de conflits fonciers autour des évictions liés aux activités extractives, liées à la relocalisation, liées à l’activité de l’agrobusiness, liées aux grands projets d’aménagement. Et donc, nous avons pensé utiliser le concept de justice foncière pour analyser tout ces processus de dépossession et d’évictions autour de la problématique de la justice foncière. Lorsque nous parlons de justice foncière, nous ne partons pas de l’idée selon laquelle il y a une injustice. Nous voulons tout simplement interroger les processus de dépossession », a dit le Professeur Sambou Ndiaye, coordonnateur de la JEAI Justice Foncière.

Il a rappelé qu’il s’agit de justices liées à la justice procédurale, à la justice distributive notamment l’accès aux ressources, et liées aussi à la justice épistémique. Ces chercheurs comptent dans ce projet de recherche, interroger au moins quatre types de justice foncière. « La justice foncière distributive liée à la répartition des ressources ; la justice foncière procédurale liée à l’implication des acteurs aux espaces décisionnels ; la justice liée à la justice en termes de reconnaissance des droits et des justiciers et la justice épistémique qui rend compte de l’importance d’intégrer les savoirs des acteurs locaux. Autrement dit, nous voulons faire des études de cas avec dix chercheurs et six doctorants pour visiter beaucoup de terrains au Sénégal, en vue d’éclairer le débat sur le foncier, en vue d’éclairer les décisions publiques, en vue de contribuer à la réforme foncière », a-t-il expliqué tout en préconisant aussi l’utilisation d’une démarche participative.

C’est ainsi qu’ils ont tenu à impliquer les partenaires du foncier à savoir le CRAFS, la DGPI, la DGID, les projets et programmes tels que le PROCASEF, le SEEN SUUF, l’UAL l’État entre autres. « Tous les acteurs liés au foncier ont été invités, ici à l’UGB, pour co-construire une problématique de recherche et dérouler cela sur trois ans », a rappelé M. Ndiaye avant de faire part de leur désir d’organiser des ateliers de savoir-partager, autour de IPAR pour pouvoir véritablement co-construire des consensus forts à partir d’évidence scientifique. « Autrement dit, le débat sur le foncier existe, mais ce qui est important, c’est de créer des espaces de dialogue. Vous avez vu ici la commune de Gandon, qui va être impactée par exemple par les enjeux de relocalisation, avec l’ADEME notamment, autour du projet SERRP. Tout cela, nous allons les interroger, mais en relation avec les acteurs territoriaux », a-t-il indiqué.

Ce projet de recherche, a-t-il ajouté, s’inscrit dans le cadre du service à la communauté, où l’université participe à éclairer les enjeux, participe à créer des espaces de dialogue entre les acteurs institutionnels, les acteurs techniques, les acteurs privés, les acteurs universitaires. « En tout, ce sont six doctorants qui vont faire leur doctorat autour de ce projet, avec dix enseignants-chercheurs qui vont les accompagner avec les communautés, pour proposer à l’État des recommandations, des notes de position, avant d’éclairer le débat sur le foncier », a-t-il conclu.

YVES TENDENG

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