Au Vietnam, Macron propose une 3è voie face aux grandes puissances

Après la signature de neuf milliards d’euros de contrats commerciaux lundi, le président français avait ce mardi 27 mai rendez-vous avec la jeunesse vietnamienne. Il doit ensuite se rendre en Indonésie et à Singapour pour sa tournée en Asie du Sud-Est.

RFI avec AFP – Avec notre envoyé spécial à Hanoï, Nicolas Rocca

Emmanuel Macron a rencontré des étudiants ce mardi. Il était à l’Université des sciences des technologies d’Hanoï, fruit d’un projet commun entre les deux pays. Il a prononcé un très long discours, évoquant l’instabilité géopolitique, les changements climatiques, l’intelligence artificielle et a tracé sa ligne, celle d’un partenaire « respectant la souveraineté des pays », alternative à la Chine, aux États-Unis, mais aussi la Russie.

Sans jamais la nommer, il a multiplié les allusions à Moscou, historiquement très proche du Vietnam. « Nous avons des grandes puissances du monde qui ont décidé de ne plus respecter le droit international et de ne plus vouloir la paix », « la souveraineté des peuples et l’intégrité territoriale deviennent contestées, y compris par des grandes puissances membres permanents du Conseil de sécurité » de l’ONU, a-t-il professé.

Alternative aux grandes puissances

 À l’attention de Pékin, opposé à Hanoï sur la souveraineté d’îlots au large du Vietnam, il a estimé qu’être obligé de rappeler « que la liberté de navigation, la liberté maritime est importante pour la mer de Chine méridionale, c’est bien que quelque chose se passe qui inquiète tout le monde ». Avant de déplorer l’attitude des États-Unis: « la première économie du monde décide de ne plus (…) respecter les règles » du commerce international et « met des tarifs qui changent selon les matins où l’on se réveille ».

Une critique qui résonne au moment où les dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), réunis en sommet en Malaisie, affichent leur quête de partenaires pour diversifier leurs réseaux commerciaux face aux menaces douanières du président américain. Face à cette situation, le président français propose à cette partie du monde au cœur de la confrontation sino-américaine de « ne pas dépendre » de Washington et Pékin, et donc de bâtir ensemble « un chemin de liberté » et de « souveraineté ».

Direction Jakarta pour d’autres accords

Paris espère que ce positionnement se traduise en contrats pour les entreprises françaises. Au Vietnam, des accords pour neuf milliards d’euros ont été conclus, selon le président français, notamment par l’avionneur Airbus, tandis que des signatures sont prévues en Indonésie en matière de défense.

L’Indonésie a déjà acheté deux sous-marins Scorpene et 42 rafales. Des questions se posent en Indonésie sur les capacités de l’avion après que le Pakistan affirme en avoir abattu trois. Une affaire qui reste floue, sans éclaircissement officiel de l’Élysée. Même si on imagine que le ministre de la Défense Sébastien Lecornu viendra rassurer ses partenaires indonésiens.

Des accords vont être signé dans ce domaine mais aussi dans l’énergie et les minerais critiques, un autre échange avec des étudiants est prévu à Jakarta mercredi, avec certainement des questions sur la guerre à Gaza, sujet central dans le pays musulman le plus peuplé au monde.

Durant ces 90 jours, les usines de confection, comme les nôtres, doivent intensifier le travail, faire des heures supplémentaires, étendre les horaires pour finaliser avant juillet les commandes déjà signées en urgence.