Touba : 160 unités à l’arrêt, faute de graines d’arachide, environ 8.000 emplois menacés
(APS) – Quelque 8.000 emplois risquent de disparaître à cause de l’arrêt de production de 159 unités de transformation d’arachide implantées à Touba (centre) et ses environs, a déclaré lundi à l’APS le président du Regroupement des acteurs du secteur industriel et agroalimentaire de Touba (RASIAT), Ousmane Diakhaté.
‘’L’arrêt de la production de 159 unités de transformation d’arachide, faute de matières premières, est une menace sérieuse sur environ 8.000 emplois directs et indirects de la filière arachide à Touba’’, a affirmé M. Diakhaté.
Malgré le démarrage officiel de la campagne de commercialisation des graines d’arachide, le 21 novembre dernier, les unités de transformation ‘’ne tournent pas’’, faute de graines d’arachide.
Le président du RASIAT estime que ‘’cette situation est liée à l’exportation massive de graines d’arachide, avec la forte présence dans le monde rural d’opérateurs économiques étrangers puissants, particulièrement les Chinois’’.
Elle s’explique aussi par ‘’la faible production d’arachide enregistrée lors de la dernière campagne agricole’’, a ajouté Ousmane Diakhaté.
Aussi appelle-t-il l’Etat à ‘’suspendre d’urgence’’ les exportations pour sauver la filière arachide et le tissu industriel de la zone de Touba.
‘’Le Sénégal n’a pas la quantité qu’il faut pour faire tourner ses unités de transformation d’arachide. Pendant ce temps, notre pays exporte son arachide’’, a dénoncé M. Diakhaté, patron de l’unité industrielle ‘’La Graine du Baol’’.
‘’Il n’y a pas suffisamment d’arachide sur le marché pour toutes les unités locales’’, a-t-il souligné.
‘’En plus de la menace sur des milliers d’emplois’’, cette situation pourrait conduire le pays ‘’vers une dépendance’’ vis-à-vis des ‘’importations d’huile et d’autres dérivés (aliments de bétail) de l’arachide’’ dont les prix sont sujets à des fluctuations sur le marché mondial, a prévenu Ousmane Diakhaté.
Le Sénégal risque aussi de ‘’perdre [son] capital semencier de qualité à cause des exportations massives et de devenir dépendant’’ envers d’autres pays, a-t-il averti.
‘’D’autres pays vont accaparer notre capital semencier dans quelques années et revenir nous le vendre en produits finis’’, a prévenu le président du RASIAT.
Il estime d’ailleurs que c’est ‘’la mauvaise qualité’’ du capital semencier qui explique ‘’la faible production agricole enregistrée lors du dernier hivernage, malgré la bonne pluviométrie’’.
Or, la filière arachide a un ‘’impact économique et social colossal dans le monde rural’’, a fait remarquer M. Diakhaté, parlant de la nécessité de sauvegarder ‘’cette filière stratégique’’.
‘’Pour mener ce plaidoyer auprès de l’Etat, nous avons décidé de regrouper tous les acteurs, y compris les grandes unités industrielles, et de coordonner toutes nos actions’’, a-t-il poursuivi.
‘’Nous avons remis notre mémorandum pour la sauvegarde de la filière au ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye’’, a déclaré Ousmane Diakhaté.
Il a annoncé la remise, dans les jours à venir, de ce mémorandum au khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, pour le sensibiliser sur la situation de la filière arachide.
‘’Nous comptons mener ce combat pour la sauvegarde de notre capital semencier et du tissu industriel local, avec tous les acteurs, tous les Sénégalais’’, a promis M. Diakhaté.
Il préconise la tenue d’une concertation de l’Etat avec les acteurs de la filière, pour la protection des investissements publics effectués dans l’économie de l’arachide.
L’unité industrielle de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal implantée à Diourbel (centre) n’avait pas collecté des graines depuis le démarrage de la campagne, a déclaré récemment à l’APS son directeur, Dame Touré.