Guerre à Gaza: «C’est trop pour moi», des réservistes israéliens refusent de se battre
Israël, qui a dit vouloir s’emparer de « larges zones » dans la bande de Gaza, vient d’étendre ses opérations militaires dans l’enclave palestinienne, s’engageant de fait dans une guerre dont personne ne voit la fin. Mais l’armée israélienne, qui repose en grande partie sur les réservistes, est-elle capable d’assurer une telle mission ? Selon le journal Haaretz, certaines unités de l’armée comptent aujourd’hui jusqu’à 50 % d’effectifs en moins. Les soldats refusent de se présenter au service. Certains invoquent des questions d’ordre moral, d’autres se disent « épuisés ».
Avec notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa – RFI
Haïm Har Zahav fait partie des près de 360 000 réservistes israéliens mobilisés après le 7-Octobre : « Israël a été attaqué. J’étais convaincu qu’il fallait se battre. » À deux reprises, il est déployé dans l’enclave palestinienne. « En tout, j’ai passé 254 jours à Gaza, en l’espace d’une année et deux mois. »
Sa mission : évacuer les soldats blessés. « Après mon deuxième séjour à Gaza, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas vraiment d’objectif, que les otages ne seraient pas libérés parce que le gouvernement israélien ne faisait rien pour ça. Alors que moi, je m’étais engagé dans ce but : pour libérer les otages. »
Haïm Har Zahav ne reste pas non plus insensible au sort des Palestiniens : « À l’armée, l’état d’esprit général est que les Palestiniens de Gaza sont de simples dommages collatéraux. Mais pour moi, les civils, même s’ils sont dans le camp ennemi, restent des civils. »
Plus de 50 000 Gazaouis ont été tués par Israël depuis le début de la guerre. Mais ce n’est pas pour cette raison, que Raz [son prénom a été changé], un autre réserviste israélien, a décidé de ne plus retourner à l’armée : « Quand tu vas à la guerre, tu as peur de ne pas revenir. J’étais à Gaza plus de 100 jours. Physiquement et mentalement, c’est très dur. Tu ne dors pas, tu ne manges pas. Il y a beaucoup de maladies. À chaque fois que j’étais là-bas, mes parents et toute ma famille étaient très anxieux. Aller se battre, c’est trop pour moi en ce moment. »
À Gaza, Israël est engagé dans la plus longue guerre de son histoire. Une guerre, dont 70 % des victimes sont des femmes et des enfants, selon l’ONU.