BCEAO – Le gouverneur sur le rapport de la Cour des comptes
«Les autorités ont joué la transparence parfaite» – Le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) ne voit aucun inconvénient par rapport aux révélations faites par la Cour des comptes dans son rapport sur la gestion des Finances publiques de 2019 au 31 mars 2024 publié le 12 février 2025. Pour Jean-Claude Kassi Brou, «les autorités ont joué la transparence parfaite pour que l’évaluation qui a été faite soit connue de tout le monde». Il a été interpellé sur la question hier, en marge de la 1ère réunion du Comité de politique monétaire (Cpm) au titre de l’année 2025, tenue au siège de la Bceao.Par Dialigué FAYE
– Au moment où les agences de notation dégradent la note souveraine du Sénégal, à cause des révélations faites par la Cour des comptes dans son rapport sur la gestion des Finances publiques entre 2019 et mars 2024, le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest reste serein et se félicite de la démarche. Jean-claude Kassi Brou n’y voit aucun inconvénient. «Les autorités ont joué la transparence parfaite pour que l’évaluation qui a été faite soit connue de tout le monde. Les autorités ont décidé ainsi d’aller de l’avant, de poursuivre les réformes qui doivent être faites ; mais également continuer le dialogue avec les partenaires, notamment le Fonds monétaire international (Fmi), la Banque mondiale, qui se sont d’ailleurs engagées à accompagner le pays pour pouvoir aller de l’avant», a déclaré le gouverneur. Ce qui est important, souligne-t-il, «c’est d’avoir les informations et de les intégrer, et de voir quelle va être l’orientation que les autorités vont imprimer aux actions qui doivent être menées dans le court terme et le moyen termes».
Le patron de l’institut d’émission commun aux huit pays de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) a été interpellé sur la question hier, en marge de la 1ère réunion du Comité de politique monétaire de la Bceao, au titre de l’année 2025.
Le taux directeur de la Bceao reste inchangé
A l’issue de laquelle, le Cpm de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a décidé de «maintenir le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses ressources aux banques à 3,50%, et le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal à 5,50%, niveaux en vigueur depuis le 16 décembre 2023».
Cette décision résulte de l’analyse de l’activité économique, de l’évolution des prix et de la situation extérieure de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Le gouverneur de la Bceao, par ailleurs président du Cpm, relève que «l’activité économique de l’Union demeure dynamique, avec une progression du Produit intérieur brut (Pib) de 7% au quatrième trimestre 2024, après 5,8% le trimestre précédent.
Pour l’année 2024, la hausse du Pib réel de l’Union est estimée à 6,2%, après 5,3% en 2023, et devrait ressortir à 6,3% en 2025».
Ce qui est, aux yeux de Jean-Claude Kassi Brou, «une bonne nouvelle». Il explique : «La croissance est solide. Il y a un dynamisme économique assez soutenu. Ce dynamisme vient essentiellement du secteur agricole, du secteur extractif. La production d’or a augmenté. La production pétrolière a aussi augmenté. Trois pays produisent maintenant du pétrole, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Sénégal, qui a démarré sa production en 2024. Le Niger et la Côte d’Ivoire ont vu leur production augmenté. Cela a contribué à booster l’activité économique.»
En outre, indique le gouverneur, «l’activité économique a bénéficié d’un financement approprié. Les crédits bancaires au secteur privé se sont accrus de 6,3% en glissement annuel à fin décembre 2024 contre une hausse de 5,8% à fin septembre 2024. Cette tendance devrait se poursuivre en 2025, avec une augmentation prévue de 8,6%».
Comme autre indicateur évoluant positivement, au quatrième trimestre 2024, les membres du Cpm notent «le taux d’inflation qui s’est établi à 2,9%, après 4,1% le trimestre précédent». Pour eux, «la détente des prix a été favorisée par la baisse des cours des produits alimentaires et énergétiques importés». Aussi, mentionne le Cpm, «les meilleures récoltes de la campagne vivrière 2024/2025 ont contribué à réduire les pressions sur les prix. Selon les prévisions, l’inflation devrait se situer à 2,7% en 2025 après 3,5% en 2024».
Plus de 2400 milliards mobilisés en 2024 par l’Union
Quid de la situation extérieure de l’Union ? Le Cmp renseigne qu’elle «s’est améliorée sur la récente période en relation avec la hausse des prix des produits exportés, les ventes d’hydrocarbures à l’étranger et la mobilisation des ressources extérieures par les Etats membres». Sur la mobilisation des ressources, le gouverneur informe que «rien que sur les eurobonds, les pays de l’Union ont mobilisé plus de 2400 milliards de francs Cfa en 2024».
En effet, les prix des produits exportés par les pays de la région de l’Umoa, notamment le cacao, l’or et le coton, ont connu une hausse, ce qui devrait avoir un impact positif sur la valeur des exportations.
Malgré toutes ces bonnes nouvelles, le président du Cpm précise que «les risques d’une résurgence des pressions sur les prix restent élevés, en raison notamment de la persistance des problèmes sécuritaires dans la sous-région, de l’effet du changement climatique qui pourrait réduire la production vivrière ainsi que de l’impact des tensions géopolitiques et commerciales sur les prix mondiaux des produits énergétiques et alimentaires».
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