IA: Perplexity, machine à réponses

Comment le moteur de recherche Perplexity compte devenir «la meilleure machine à réponses»

Perplexity, un moteur de recherche boosté à l’intelligence artificielle (IA), continue sa course en meilleur outsider du secteur. L’arrivée de l’entreprise chinoise DeepSeek, la souveraineté des données, les biais de réponses… Rien ne déstabilise Perplexity, qui semble vraiment avoir réponse à tout. En marge du sommet sur l’IA à Paris, et avant la prochaine installation d’un bureau à Marseille, Dmitry Shevelenko, directeur du développement commercial, a répondu aux questions de RFI.

Par :Thomas Bourdeau

RFI : Que s’est-il passé chez Perplexity depuis plus d’un an ?

Dmitry Shevelenko : Il y a maintenant dix fois plus de questions posées sur Perplexity qu’il y a un an. Nous répondons à plus de 20 millions de questions par jour et une grande partie de cette croissance a lieu en Europe. Le nombre de recherches sur Perplexity en France est de un million par jour, et aussi de 400 millions par mois dans le monde. Nous avons pris acte de cette croissance en France, et nous nous attendons à ce qu’elle s’accélère depuis notre partenariat avec Bouygues Telecom annoncé durant le sommet.

L’arrivée du chinois DeepSeek a-t-elle représentée une menace ?

L’un des paris derrière Perplexity était que les modèles de base, les LLM (grands modèles de langage), deviendraient une marchandise. Et cela s’est avéré exact. Vous disposez donc désormais du modèle de raisonnement le plus puissant dans le monde, DeepSeek R1 en open source. Nous mettons ce modèle de raisonnement à la disposition de tous nos utilisateurs, sans envoyer de données en Chine, en l’hébergeant nous-mêmes. Mais sans censure, car nous ne diffusons aucune propagande.

Comment faites-vous pour y parvenir ?

Nous n’avons jamais cru que les grands modèles de langage à eux seuls seraient suffisants pour faire du bon travail et répondre aux questions des gens. C’est pourquoi nous combinons toujours la recherche avec l’IA. Nous effectuons des recherches pour identifier des sources en temps réel de haute qualité. Nous extrayons les faits de ces sources. Nous alimentons le LLM pour faire une synthèse et un raisonnement, et c’est ainsi que nous sommes en mesure de générer la réponse. Nous ne dépendons pas du LLM pour les connaissances, nous en dépendons uniquement pour le raisonnement. Nous sommes toujours moins censurés, moins biaisés que les produits LLM purs.

C’est ce qui rend Perplexity efficace pour répondre aux questions ? Est-ce très technique ?

Tout commence lorsque vous posez une question pour la première fois. Nous la reformulons de 30 façons différentes. Nous anticipons votre intention. La première étape consiste donc à comprendre ce sur quoi exécuter la recherche. Comme si nous exécutions essentiellement une recherche, pas seulement sur les mots que vous avez fournis, mais sur toutes ces requêtes reformulées. C’est donc là que la partie recherche est importante. Le reformulateur est important. Avec Perplexity, nous avons reconstruit chaque partie de cette pile technologique dans le but de répondre aux questions de manière concise, avec précision, de manière facile à lire…

Comment Perplexity gère les biais liés au LLM et les données personnelles ?

Nous respectons évidemment toutes les lois locales, où que nous opérions. Nous essayons d’être impartiaux où que nous soyons et, en fin de compte, notre algorithme évolue toujours pour identifier les sources les plus pertinentes et les plus fiables. L’autre grande partie de la façon dont nous résolvons ce problème est la transparence. Lorsque vous utilisez Perplexity, vous voyez les sources qui ont été utilisées avant même de voir la réponse. Vous pouvez ne pas être d’accord si c’est une bonne source ou non, mais au moins, vous savez d’où provient la réponse. Cette transparence nous permet, je pense, de fidéliser nos utilisateurs du monde entier.

En quoi Perplexity reste différent de ChatGPT, Grok ou Mistral ?

Nous sommes le seul acteur qui se concentre uniquement sur la création de la meilleure « machine à réponses ». Les équipes d’OpenAI (ChatGPT) essaient de faire des modèles de base, de faire de la vidéo. Ils essayent beaucoup de choses… Nous, simplement de créer la meilleure « machine à réponses ». Les gens qui utilisent Perplexity pour la première fois ne s’arrêtent plus ensuite. Pour nous, c’est un signal vraiment important. Si vous nous suivez depuis un an, chaque semaine, il y a quelque chose de nouveau. On prend ce qui sort des laboratoires pour l’appliquer de manière utile dans notre produit qui améliore la vie des gens en leur faisant gagner du temps et en résolvant leurs problèmes.

Quel est votre modèle économique ?

Nous avons plusieurs sources de revenus. Perplexity Pro est notre abonnement grand public qui vous donne la version la plus puissante. Nous avons ensuite la version entreprise de Perplexity Pro, qui est conçue pour répondre aux besoins de confidentialité et de sécurité des données et aux besoins de conformité des entreprises. Elle est également plus collaborative. Nous avons déjà plus de 4 000 entreprises qui l’utilisent. Nous avons expérimenté la publicité, au quatrième trimestre de l’année dernière, avec des questions de suivi sponsorisé, et cela se passe très bien. Cela ne concerne que les États-Unis pour l’instant.

Il y a eu un débat entre les médias américains et Perplexity, soupçonné de divulguer des informations qui n’étaient pas disponibles sur le web gratuitement ?

Les éditeurs de presse sont évidemment inquiets lorsqu’ils voient une nouvelle technologie. Si vous regardez le graphique de la croissance d’internet et les revenus des éditeurs de presse, ils sont inversement corrélés. Le scepticisme des éditeurs de presse à l’égard des nouvelles technologies est légitime. La réalité est que nos motivations sont alignées sur celles des éditeurs. Nous avons besoin d’un flux constant de nouveaux faits sur le monde. Ils sont nécessaires pour répondre aux questions. C’est pourquoi nous avons conçu un programme de partage des revenus, en donnant aux éditeurs un accès gratuit à nos API (interfaces de programmation d’applications), afin qu’ils puissent rendre leurs sites web et leurs applications plus attrayants et bénéficier de ces technologies. Nous leur donnons alors un accès gratuit à Enterprise Pro, afin qu’ils puissent être plus productifs en interne. Nous pensons que c’est une manière différente et complète d’aligner les motivations. Il faut souligner que, globalement, les gens n’ouvrent pas Perplexity pour une alternative à la lecture d’informations. Je vois cela fondamentalement comme de la symbiose plutôt que de la compétition.

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