Le roi du Danemark, Frederik X, modifie ses armoiries, et c’est un message adressé au président Donald Trump
Les changements sont rares dans le domaine de l’héraldique, et sont toujours lourds de sens. Et quand le roi du Danemark décide de mettre en avant sur son blason les symboles représentant le Groenland et les îles Féroé, il adresse un message clair à Donald Trump. Mais aussi aux habitants de ces territoires, qui ont obtenu une autonomie croissante vis-à-vis du Danemark.
C’est un double changement important dans le petit monde des experts des dynasties européennes et de l’héraldique, mais qui a sans conteste un message politique. Le roi Frederik X du Danemark, qui est monté sur le trône en janvier 2024, a décidé de retirer un symbole important des armoiries royales. Il s’agit des trois couronnes, présentes depuis près de 500 ans et qui symbolisaient l’Union de Kalmar entre le Danemark, la Norvège et la Suède, dirigée depuis le Danemark entre 1397 et 1523.
Un ours et un bélier
Un symbolisme qui n’a plus cours, les trois royaumes nordiques ayant tous pris leur propre chemin. Mais le nouveau blason met aussi bien plus en avant deux autres symboles, auparavant discrets: l’ours polaire d’une part et le bélier de l’autre. Qui représentent respectivement le Groenland et l’archipel de Féroé. Deux territoires autonomes au sein de la couronne danoise, mais qui ont gagné en autonomie ces dernières années.
La maison royale a déclaré que les armoiries, utilisées sur les documents et sceaux officiels et dont certains éléments remontent au XIIe siècle, “renforcent la proéminence du Commonwealth”. Les trois couronnes, a-t-elle déclaré, ont été supprimées “car elles ne sont plus pertinentes”. Ce changement aurait été planifié dès l’arrivée sur le trône du roi, l’année dernière, selon The Guardian.
Les vues de Trump sur le Groenland
Mais le contexte est particulier: le président américain élu Donald Trump multiplie les sorties évoquant le rachat par les USA de nouveaux territoires. Et si celles-ci sont plus ou moins sérieuses, il a encore réitéré ses vues sur le Groenland cette semaine. “Le Groenland est un endroit incroyable et ses habitants, s’ils deviennent, et quand ils deviendront une partie de notre nation, en tireront un énorme bénéfice”, a-t-il écrit sur son réseau Truth Social, alors que son fils se trouve en visite officielle sur la grande île polaire.
Ce changement signifie donc que le Danemark ne compte pas renoncer à ses territoires, même si les îles Féroé et le Groenland dispose d’une large autonomie en politique intérieure. Et si le message s’adresse d’abord à Trump, il sera aussi reçu par le Premier ministre groenlandais, Múte Egede. Celui-ci a récemment accusé le Danemark de génocide en réponse à des enquêtes sur le scandale des contraceptifs forcés des années 1960 et 1970, rappelle le quotidien britannique. Egede avait également souligné la semaine dernière que son objectif restait l’indépendance du Groenland – ou Kalaallit Nunaat, en langue groenlandaise, reconnue comme officielle en 2009 seulement.
Un Groenland autonome, mais pas indépendant
Depuis 2008, les Groenlandais bénéficient d’une autonomie renforcée, Copenhague ne gardant le contrôle que de la politique monétaire, la défense et la politique étrangère. Les îles Féroé profitent aussi d’un statut semblable de pays autonome au sein de la couronne danoise. Mais des deux côtés, la cause indépendantiste reste prégnante, mettant en avant les différences culturelles et linguistiques, ainsi que le passé colonial danois.
Or, le nouveau roi met, lui, en avant l’union du royaume. Lors de son discours du Nouvel An, Frederik X a rappelé que “Nous sommes tous unis et chacun de nous est engagé pour le royaume du Danemark. De la minorité danoise du Schleswig du Sud – qui se trouve même en dehors du royaume [en Allemagne, NDLR] – jusqu’au Groenland. Nous appartenons à la même famille.” Un message qui n’avait rien d’anodin.