“SuperTrump”: Donald Trump moqué pour avoir lancé des NFT à son effigie

C’est “comme une carte de baseball” mais “beaucoup plus excitant” et à 99 dollars pièce: Donald Trump, en dévoilant jeudi une série de cartes de collection, a suscité les sarcasmes de ses opposants et l’embarras de certains partisans.

Mercredi, l’imprévisible républicain avait publié ce message énigmatique: “L’Amérique a besoin d’un superhéros. Je ferai demain une ANNONCE MAJEURE.” La presse avait commencé à spéculer: allait-il par exemple révéler son choix pour la vice-présidence, afin de donner un peu d’élan à sa campagne pour la présidentielle de 2024, sérieusement enlisée?

Mais non. Dans un message sur son réseau Truth Social, il a dévoilé une collection de “cartes numériques Donald Trump”, sur un modèle bien connu des amateurs de sport, mais en version “NFT” – c’est-à-dire sous forme de certificats de propriété numériques. Ce seront des “créations artistiques formidables sur ma vie et ma carrière”, promet le milliardaire républicain. Il en publie un exemple: une image qui le montre dessiné à la manière d’un superhéros musculeux de bande dessinée, moulé dans une combinaison rouge et campé sur un ring de boxe.

Cadeau de Noël

“Seulement 99 dollars chacune! Une très bonne idée de cadeau de Noël! Dépêchez-vous! Je pense qu’elles vont partir très vite”, assure encore l’ancien président. Sur un site internet dédié, l’homme d’affaires et ancienne vedette de télévision, dont les partisans ont l’habitude d’être inondés de mails réclamant de l’argent, promet des récompenses pour certains détenteurs de ses cartes: un dîner dans sa résidence de Floride au luxe tapageur, ou une heure de golf en sa compagnie.

Un petit tour dans les mentions légales du site révèle que cette opération n’est “pas politique” et n’a “rien à voir avec une campagne politique”. Il s’agit d’une opération classique de franchise: Donald Trump, qui s’est beaucoup vanté de comprendre comme personne le pouvoir des marques et les ressorts du marketing, vend le droit d’utiliser son nom et son image. L’annonce a sans surprise fait les délices de ses opposants.

Sa nièce Mary Trump, en rupture avec l’ancien président et la famille Trump, a résumé leur sentiment général en tweetant “omfg” (“Oh my fucking God”, “Bordel de nom de Dieu”) et “wtaf” (“What the actual fuck”, “C’est quoi ce bordel?”). “Il perd pied”, a commenté plus sobrement un éditorialiste politique du Washington Post, Philip Bump, notant par ailleurs que l’ancien président se lance dans les NFT à un moment où ce marché prend l’eau.

Le président Joe Biden, sur son compte Twitter personnel, a parodié son prédécesseur en vantant ses “ANNONCES MAJEURES” à lui, en l’occurrence une série de réussites économiques, diplomatique et politiques récentes. Sur Twitter toujours, un certain embarras était palpable sur des comptes franchement orientés à droite. Ainsi Robby Starbuck, un producteur et réalisateur de vidéos musicales, engagé en politique dans le Tennessee, écrit-il: “J’aime ce gars mais cela repousse beaucoup de gens.”

“Cartes Pokémon”

Chad Prather, qui se présente comme un humoriste, et dont les commentaires sur Twitter reprennent les idées de la droite radicale, assène: “Notre nation fout le camp et Donald Trump vend des cartes Pokémon. Non merci.” L’annonce, aux retombées financières purement personnelles, nourrit l’impression que Donald Trump n’est pas très investi dans une campagne qui ne décolle pas.

Le milliardaire, depuis qu’il s’est déclaré le 16 novembre, n’a pas fait de grand meeting, et va de polémiques en ennuis judiciaires. Alors qu’il avait jusqu’ici une emprise presque totale sur le parti républicain, certains ténors lui reprochent désormais publiquement d’avoir poussé des candidats trop extrêmes lors des élections de mi-mandat en novembre.

La droite n’a pas réussi, lors de ce scrutin qui met en jeu des postes de parlementaires fédéraux mais aussi de gouverneurs, à infliger au parti démocrate et au président Joe Biden la claque qu’elle espérait. De récents sondages montrent par ailleurs que Donald Trump est pour l’instant distancé, dans le coeur des électeurs républicains, par le gouverneur de Floride Ron DeSantis. Ce quadragénaire, qui vient d’être réélu triomphalement, allie une personnalité austère avec des positions radicales sur l’immigration et les sujets de société.

SOURCE RFI

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