Censure du gouvernement Barnier: Emmanuel Macron exclut de démissionner

Au lendemain d’une censure inédite depuis 60 ans qui a renversé le gouvernement de Michel Barnier et alors que plusieurs voix l’appellent à la démission, Emmanuel Macron a déclaré ce jeudi soir lors d’une allocution télévisée qu’il accomplirait son mandat « jusqu’à son terme ».

Par :RFI avec AFP – « Le mandat que vous m’avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans et je l’exercerai pleinement jusqu’à son terme », a annoncé Emmanuel Macron, au lendemain du renversement du gouvernement de Michel Barnier par l’Assemblée nationale. Le départ du chef de l’État est souhaité par 59% à 61% des Français, selon des sondages Odoxa et Elabe publiés ce jeudi. Plusieurs responsables politiques se sont joints ces derniers jours aux voix de La France insoumise (LFI) qui appelle à la démission du président de la République de ses vœux depuis l’été.

« Je n’assumerai jamais l’irresponsabilité des autres, et notamment des parlementaires qui ont choisi en conscience de faire tomber le budget et le gouvernement de la France à quelques jours des fêtes de Noël », a-t-il insisté dans une allocution d’une dizaine de minutes, tout en accusant les oppositions d’extrême gauche et d’extrême droite de s’être unies « dans un front antirépublicain » pour semer le « chaos ». Ils « ne pensent qu’à une seule chose, l’élection présidentielle, pour la préparer, pour la provoquer, pour la précipiter », a-t-il ainsi fustigé. « Les députés du RN ont choisi de voter une motion de censure qui disait le contraire de leur programme qui insultait leurs propres électeurs », a encore déploré Emmanuel Macron, estimant qu’ils avaient choisi le « désordre qui est le seul projet qui les unit à l’extrême gauche, et cela avec la complicité du reste du Nouveau Front populaire ».

Le chef de l’État a également reconnu que sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale en juin, qui a plongé la France dans une crise politique, « n’a pas été comprise », assumant « sa responsabilité ». Cette décision, « beaucoup me l’ont reprochée et je sais, beaucoup continuent de me le reprocher. C’est un fait et c’est ma responsabilité », a-t-il affirmé.

Un Premier ministre « dans les prochains jours »

Prenant acte de la démission de son Premier ministre Michel Barnier, Emmanuel Macron a promis de nommer « dans les prochains jours » un nouveau chef de gouvernement qui sera chargé de former une équipe « resserrée » et « d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer ». Plusieurs noms sont évoqués pour succéder à Michel Barnier, parmi lesquels celui du ministre des Armées Sébastien Lecornu, du président du MoDem François Bayrou ou encore du ministre de l’Intérieur Les Républicains Bruno Retailleau.

La « priorité » de ce futur Premier ministre « sera le budget », a prévenu le président de la République alors que les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure. Une loi spéciale sera déposée « avant la mi-décembre au Parlement », a-t-il affirmé. « Cette loi temporaire permettra, comme c’est prévu par notre Constitution, la continuité des services publics et de la vie du pays. Elle appliquera pour 2025 les choix de 2024 ». Sans rentrer dans le détail du programme du prochain gouvernement, Emmanuel Macron a néanmoins demandé un « cap clair » pour « 30 mois d’actions utiles pour le pays », esquissant une feuille de route en estimant par exemple que « l’avenir » ne passerait pas par « plus d’impôts, plus de normes ou avec quelque laxisme face au narcotrafic ».

« Bal des hypocrites »

En réponse aux critiques d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen a dénoncé « le bal des hypocrites ». « On nous reproche d’avoir voté la motion de censure avec le NFP. Mais qui a fait alliance avec l’extrême gauche en juin dernier ? Qui s’est désisté pour eux ? Qui les a fait élire ? », a interrogé la cheffe de file du Rassemblement national. « Nous avons toujours été constructifs et raisonnables, nous le serons avec le prochain gouvernement. Il faudra cependant entendre les attentes de nos onze millions d’électeurs », a-t-elle également déclaré, réclamant un Premier ministre « capable de parler avec tout le monde ».

« Je ne connais qu’un front anti républicain, celui donne des gages à l’extrême droite, qui la banalise et qui négocie exclusivement avec elle », a réagi sur X le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. Emmanuel Macron est « la cause du problème » politique en France et « s’en ira par la force des événements », a réagi Jean-Luc Mélenchon, sur TF1. « C’est lui qui fiche la pagaille, c’est lui bloque tout et ne veut entendre personne », a estimé le leader de LFI, prédisant que « dans un mois ou dans deux mois peut-être, le Rassemblement national finira par se dire qu’il n’y a pas d’autre solution » que le départ d’Emmanuel Macron de l’Élysée.

Lucie Castets, candidate à Matignon pour le Nouveau Front populaire l’été dernier, s’est dite de son côté « extrêmement choquée » par les déclarations d’Emmanuel Macron concernant « un front antirépublicain ». « J’ai eu l’impression d’un président de la République qui est à la fois chef de tout, mais responsable de rien », a-t-elle ajouté.

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