Famille libérale: Des retrouvailles en décomposition
Lors de ces Législatives, il avait été scellé les retrouvailles libérales pour espérer une issue victorieuse à ces élections. Finalement, le score tournera autour de 15 sièges pour l’Apr, Rewmi, Bokk gis gis, Ucs, entre autres grâce à l’implication personnelle de Macky Sall, qui n’a pas pu par contre remobiliser un électorat qui lui a tourné le dos même chez lui à Fatick.Par Bocar SAKHO –
Ce fut des retrouvailles précipitées et chaleureuses, mais le grand soir n’a pas été une fête. Dès la convocation du corps électoral, l’Alliance pour la République (Apr) avait enchaîné des communiqués pour annoncer ses alliances avec Rewmi, le Parti démocratique sénégalais, l’Union des centristes du Sénégal (Ucs), Ldr Yeessal, la Convergence patriotique Bokk gis gis et d’autres structures ou micro-partis. Pour les Législatives, c’était une reconstitution spontanée et forcée de la famille libérale dont le passé a été décomposé à cause des aléas politiques.
Sous la bannière Takku Wallu Senegaal, les enfants spirituels, putatifs et biologique de Me Wade tentaient de reconstituer le pouvoir libéral après 24 ans de Présidence. Si la prédiction du Pape du Sopi, qui escomptait 50 ans de règne de sa famille politique, ne s’est pas réalisée, lui et ses héritiers voulaient écrire un nouveau roman de leur vie politique ce 17 novembre. Un futur recomposé par la vérité des urnes, mais elles ont décidé de les maintenir au niveau de la périphérie du pouvoir.
Pourtant, tout a été mis en place pour y arriver, même si des «enfants» de Me Wade comme Tafsir Thioye ont confectionné Sopi Senegaal pour rejeter cette recomposition. Choisi pour conduire la liste nationale de la famille libérale, Macky Sall devait être le meneur d’hommes pour écrire une nouvelle enchantée de leurs histoires, huit mois à peine après son départ du pouvoir. Mais, l’ancien Président n’est pas venu pour battre campagne préférant la stratégie WhatsApp pour tenter de gagner un pari qui relevait de l’improbable. Durant ces trois semaines, son visage est devenu familier à plusieurs smartphones : il a multiplié les coups de fil pour essayer de relancer les forces politiques désabusées par la perte du pouvoir et le manque d’orientation et «d’égard». Cela s’avérait moins évident, car le manque d’enthousiasme était palpable comme le montrent les résultats sortis des urnes : il est devancé par Pastef qui dépasserait les 120 députés, selon les premières estimations.
Perte de Fatick et Podor
Pour un homme qui a décidé de remettre son coefficient électoral dans la balance, c’est un camouflet retentissant : confronté à la perte de certains de ses leaders majeurs, Macky Sall entre dans une zone de turbulence politique et doit opérer une transition très incertaine. Si certains ont démissionné, d’autres optent pour le boycott des Législatives, frustrés par les investitures, il a surtout perdu où il fut prophète pendant plus de 24 ans : Pastef a gagné le département de Fatick et aussi Podor tombé comme un fruit mûr entre les mains de Jamm ak njarin de Amadou Ba. Deux bassins électoraux ! Mais, il a gagné les trois départements de Matam, Goudiry et le département Afrique centrale, qui est le prolongement électoral du Fouta.
C’est une double peine pour Sall : il était le seul à s’engager publiquement et personnellement dans la bataille : Après sa défaite cuisante à la Présidentielle, Idy a déserté le terrain lors de ces Législatives s’abstenant même de prendre la parole après son vote. Reclus à Doha, Karim Wade, l’héritier du Pds, gouverne à distance une formation sans base électorale et sans identité, au-delà de s’identifier à la figure éternelle de son fondateur. Pape Diop était porté disparu. Abdoulaye Baldé a été aussi «invisible» durant la campagne à Ziguinchor, jadis son fief. Modou Diagne Fada a été balayé par le tsunami Pastef à Darou Mouhty, ainsi que le Président de l’Assemblée nationale sortant Amadou Mame Diop à Richard-Toll. A Dagana, Oumar Sarr a résisté, mais a perdu le département. C’est le résumé de l’échec de ces retrouvailles des Libéraux qui espéraient un meilleur sort lors de ce scrutin.
Quelle suite ?
Que reste-t-il ? Même une montre cassée donne deux fois l’heure. Sans certains de ses leaders historiques au plan national, Sall entre dans une ère de toutes les incertitudes. Car le come-back n’a pas eu lieu comme il le souhaitait sans aucun doute. Ce fait électoral l’entraîne dans une période de transition très incertaine : comment reconstruire sur les décombres sans certains leaders historiques de son parti ? S’il n’a pas une page blanche sous les yeux, il sera confronté à un challenge plus compliqué qu’en 2012… En attendant, l’ordre de priorité est d’imposer une restructuration de son parti après l’échec de cette reconstruction libérale, qui n’a pas obtenu l’adhésion des électeurs.