Défilé de mode :La maison de mode française Chanel illumine Dakar

Chanel a littéralement investi la capitale sénégalaise ces trois derniers jours. La collection Métiers d’art 2022 / 2023, sortie de l’imagination de la directrice artistique, Virginie Viard, va continuer à rayonner dans les esprits des 800 invités qui ont assisté à l’évènement ce mardi.

Mode, danse, musique et cinéma ! Le défilé Métiers d’art de Chanel à Dakar aura été remarquable. C’est sous les arcades de l’ancien Palais de justice du Cap Manuel que quelque 800 invités, triés sur le volet, ont pu assister à la magie de ce défilé haute couture. Des mannequins internationaux à la silhouette filiforme, vêtus des créations chatoyantes de Chanel, une mise en scène millimétrée, rien n’a été laissé au hasard pour ce moment où la marque française prend contact avec le continent africain. Un show que la maison française prépare depuis deux à trois ans. «Le défilé d’hier (Ndlr : mardi) était la vraie traduction de ce qu’on voulait faire. Un échange, des rencontres, venir ici découvrir des gens avec qui on n’avait pas travaillé encore, présenter notre collection», a expliqué le directeur de Chanel SAS, Bruno Pavlovsky, qui a rencontré des étudiants de plusieurs écoles de formation du pays au lendemain du défilé. Et l’expérience dakaroise est apparemment concluante puisque, selon Bruno Pavlovsky, «si un jour, Chanel devait atterrir en Afrique, ce serait à Dakar».

Premier défilé de la maison en Afrique, la collection Mé­tiers d’art 2022/2023, présenté à l’ancien Palais de justice du Cap Manuel par quelque 65 mannequins, a été fidèle à l’image de Chanel. «Nous avons présenté une collection propre à Chanel, et qui incarne, au-delà de la haute couture, ce que la marque peut faire de mieux. Sans tous les ateliers, on ne peut pas faire ce que l’on fait. Et il y a quelques années maintenant, on a pensé que la meilleure manière de valoriser ces savoir-faire, c’est de leur dédier une collection», expli­que M. Pavlovsky. Initié par Karl Lagerfeld lui-même, le défilé Métiers d’art est devenu un moment important. Conçue entre le studio de création de Chanel à Paris et le19M, entre Paris et la porte d’Aubervilliers, où onze Maisons d’art de Chanel sont réunies, la collection Métiers d’art rend hommage aux savoir-faire de la mode. Depuis 2002, elle a pris l’habitude d’être présentée à travers le monde.

Un esprit seventies
La collection est ainsi traversée par un esprit seventies. Une façon pour Virginie Viard, la directrice artistique de la marque, de demander à tout ce qui fait la substance des années 70 de venir rythmer nos existences d’aujourd’hui. «Abon­dance de motifs végétaux, de lignes et de formes géométriques, profusion de couleurs chaudes, de sequins et de pampilles étincelants, ou encore subtilité́ des jeux de dentelle : entre délicatesse et allure, la collection Métiers d’art 2022/23 Chanel-Dakar prend corps dans des manteaux longs et étroits, des pantalons moulants et évasés, des cols seventies, des souliers plateformes, des sweats bouffants, colorées et brodés de fleurs, des tweeds multicolores ou des robes plus courtes devant que derrière», informe Chanel. Sous la main de Virginie Viard, Chanel a, une nouvelle fois, célébré le travail de ses petites mains, avec ses massifs de camélias, ses perles entrelacées, ses forêts de boutons-bijoux, ses éblouissements de sequins. «L’ancien Palais de justice de Dakar dans lequel non seulement le défilé́, mais aussi une majeure partie du programme artistique qui lui est associé, ont lieu, est l’un des plus beaux endroits dans lequel il nous a été donné de présenter une collection. Il s’est imposé comme une évidence, comme une source d’inspiration aussi», souligne Mme Viard. Dans une ronde bien menée, le défilé a été un pur ravissement pour les invités. En 20 mn, c’était fait, mais le public subjugué, mettra sans doute du temps à oublier la magie de ce moment.

Briser les codes
Impressionnée mais lucide, la styliste sénégalaise, Colle Ardo Sow, apprécie à sa juste valeur, le show de Chanel. «Ce défilé, c’est l’occasion d’ouvrir les yeux et d’améliorer ce que nous faisons. On parle de Diouma Dieng, de Al Guèye etc., mais on n’a encore rien fait. Et ils sont là parce que ces métiers d’art sont justement présents ici au Sénégal. On commence à peine à utiliser le pagne tissé. Mais il y a les pagnes que faisaient nos grand-mères, les nothie, on ne les utilise même pas», indique la styliste. Artiste peintre de renom, Germaine Anta Gaye espère surtout que ce défilé va contribuer à «briser les codes et renouveler l’inspiration». «Ce n’est pas forcement comme ça qu’on voit l’habillement, mais on doit savoir qu’on ne peut pas éternellement répéter les mêmes choses», souligne l’artiste.

«C’est une grande chance pour le Sénégal»
«C’est une grande chance pour le Sénégal. Le monde entier est là et les uns et les autres apprécient le Sénégal et font l’éloge de la teranga», se réjouit le ministre de la Culture et du patrimoine historique. Aliou Sow salue également le choix du lieu. Le Palais du Cap Manuel, cédé à son ministère, abrite la Biennale de Dakar depuis quelques éditions. Et le défilé Channel est venu conforter cette vocation culturelle du lieu. «On pouvait faire le défilé dans un hôtel, mais le Palais de justice a été choisi car symbolisant un pan important de l’histoire du Sénégal. Chanel a procédé à la réhabilitation du bâtiment et des alentours. Ils ont beaucoup investi et hier (Lundi), j’ai signé un avenant avec eux, permettant de poursuivre ces efforts et initiatives en faveur du patrimoine historique sénégalais et de la culture.»

Pluie de célébrités sur Dakar

Au-delà du gotha de l’establishment sénégalais, l’affluence de «stars» a ce défilé a été notoire. La Première dame Marème Faye Sall était aux côtés de la ministre des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, et de la ministre de l’Économie, Oulimata Sarr. Le corps diplomatique a également été fortement représenté. Côté people, c’est sans nul doute la star américaine, Pharell Williams, qui a cristallisé les regards, ainsi que la top model, Naomi Campbell. Au total, plusieurs stars mondiales ont fait le déplacement comme l’écrivain congolais, Alain Mabanckou, ou encore le basketteur de la Nba, Joakim Noah. Les chanteurs sénégalais étaient aussi de la partie comme Nix, et Obree Daman qui a assuré le show d’ouverture du défilé accompagné par les danseurs de l’Ecole des sables, sur une chorégraphie de Dimitri Chamblas.

Un impact économique énorme
En termes d’impact économique, difficile de mettre un chiffre sur les activités impulsées par Chanel durant ces trois jours d’évènements. Aliou Sow, le ministre de la Culture et du patrimoine s’y essaie un peu en relevant les avions affrétés, et les centaines d’invités de marque. Alioune Mboup, jeune sénégalais qui collabore sur les aspects logistiques avec Chanel depuis deux ans que se prépare le défilé, déflore quelque peu le sujet en énonçant que la mise à la disposition des invités de quelque 300 véhicules. Les hôtels Terrou bi et Sekou bi, privatisés, l’organisation a mobilisé 160 chambres dans chacun des hôtels du Pullman et de Radisson Blu ainsi que dans d’autres hôtels de la ville. S’y ajoutent, les autres inputs économiques de cette présence de plus de 1000 invités dont 800 étrangers.

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