Y’en a marre recadre les autorités
Après avoir condamné l’arrestation dont ils avaient fait l’objet ces derniers jours, «Y’en a marre» s’est tout de même félicité du fait que Bougane Guèye Dany de «Gueum sa bopp», le journaliste Cheikh Yérim Seck et le chroniqueur Kader Dia soient libérés hier. Après avoir choisi de donner un temps au régime en place, le mouvement citoyen dit avoir décidé de rompre le silence pour s’exprimer sur ces arrestations, en les condamnant lors d’une conférence presse tenue hier.
Y’en a marre a rompu le silence hier pour s’insurger contre cette vague d’arrestations contre des journalistes et des opposants par le régime. Avant de se féliciter de la libération de ceux qui avaient fait l’objet d’arrestations : Bougane Guèye Dany, leader de Gueum sa bopp, le journaliste Cheikh Yérim Seck et le chroniqueur Kader Dia de la Sen Tv. «On estime que c’est une très bonne nouvelle que les libérations aient eu lieu. C’est ça la normalité sur des délits d’opinion. Ce qui fut injuste hier ne saurait être juste aujourd’hui. Ce n’est pas possible. Le mouvement Y’en a marre a été aux côtés de Pastef, de toute l’opposition, des militants pour dire non à Macky Sall, qui emprisonnait les gens sur la base des délits d’opinion», déclare Alioune Sané, coordonnateur du mouvement Y’en a marre.
«On ne saurait l’accepter aujourd’hui, ce n’est pas possible. Et à l’époque, quand on le faisait, ce n’était pas facile pour nous. J’ai fait 4 mois et dix jours de prison. Vous avez tous vu les circonstances dans lesquelles j’étais arrêté, et dans deux jours, ça va faire un an que j’avais été cueilli sous le regard de mes fils pour m’amener à Rebeuss. Et beaucoup d’autres Sénégalais ont vécu le même sort, et pire», insiste Alioune Sané. Qui a tenu à préciser que Y’en a marre «n’est d’aucun bord politique».
«On est encore sur des principes, on est encore sur ce qui fait avancer le pays. Et c’est au nom de ces questions de principes qu’on s’exprime aujourd’hui», souligne-t-il. Les «actes posés ces derniers temps» par le régime ont poussé Y’en a marre, selon son coordonnateur, «à rompre le silence», après avoir laissé aux dirigeants actuels «le temps de s’installer, de faire l’évaluation de la situation» et de décliner leur vision.
«On estime qu’il est important d’alerter. C’est là où nous en sommes. D’alerter sur ce qui se passe actuellement sur les questions de Justice. Parce qu’on estime que déjà le Président Bassirou Diomaye Faye, on se rappelle le 2, avril lors de sa prestation de serment, avait dit une phrase qui était super importante, je pense que beaucoup de Sénégalais ont apprécié, c’est que son régime s’inscrirait dans le sens d’aller vers un Sénégal apaisé», souligne Sané.
«De 2021 à 2024, il y a eu beaucoup de tensions, avec une série d’arrestations. Même le Président Bassirou Diomaye Faye, pour un post pour donner son avis sur l’institution judiciaire, ça lui a valu d’être arrêté, d’être traîné au niveau des tribunaux, d’avoir fait les retours de Parquet, d’avoir fait des gardes à vue, et après ouverture d’une information judiciaire, pour faire neuf ou dix mois de prison», fait remarquer Alioune Sané.
«Il a parlé de Sénégal apaisé, il a parlé de Justice indépendante, il a aussi parlé de démocratie apaisée. Et ce qu’on a vu ces derniers jours ne va pas dans le sens d’apaiser la démocratie du Sénégal. Parce que quand même nous, il y a six ou sept mois, on n’aurait pas cru qu’au Sénégal on serait là parce qu’un opposant, à quelques semaines des élections, a été arrêté pour des délits d’opinion», explique le patron de Y’en a marre. «On n’aurait pas cru qu’aujourd’hui, on aurait parlé de ça, un opposant politique, parce qu’il a exprimé une opinion, qu’elle soit fausse ou autre, qu’il soit arrêté et trainé en Justice pour ça. De la même manière aussi, on n’aurait pas cru qu’au bout de six mois, un journaliste serait arrêté parce qu’il a critiqué des chiffres que le gouvernement a avancés», regrette M. Sané.
Ce dernier croit dur comme fer que la priorité se situe dans la reddition des comptes pour amener ceux qui sont «épinglés par les rapports à répondre devant la Justice» dans le respect de leurs droits. Le redressement «d’une situation économique catastrophique» est l’autre priorité pour le nouveau gouvernement, avec surtout la cherté de la vie, selon Y’en a marre, avec la recrudescence de l’émigration irrégulière avec son lot de morts.
Par Amadou MBODJI – [email protected]