Thaïlande: le principal parti d’opposition dissout

Le principal parti d’opposition en Thaïlande a dévoilé ce vendredi 9 août son nouveau nom, « le Parti du peuple » et son nouveau chef en ayant l’ambition d’apporter l’alternance face aux élites conservatrices au prochain scrutin, deux jours après sa dissolution contestée.

Par : RFI avec AFP

« J’ai été élu pour devenir le chef du parti. Notre mission est de préparer un gouvernement de changement pour les élections de 2027 », a déclaré Natthaphong Ruengpanyawut, lors d’une conférence de presse à Bangkok. « Je ne suis pas parfait mais je suis prêt à m’améliorer pour me préparer au rôle de Premier ministre », a ajouté le député de 37 ans, qui succède au charismatique Pita Limjaroenrat, 43 ans, sous le coup d’une peine d’inéligibilité de dix ans. Député depuis 2019, Natthaphong Ruengpanyawut a plus de dix ans d’expérience dans l’informatique et les technologies de l’information, selon sa page LinkedIn qui indique qu’il a créé sa propre entreprise avec pour mission d’innover « pour une meilleure humanité ».

« Il n’y avait qu’un seul candidat pour devenir leader du parti. Je suis confiante que Natthaphong sera prêt pour les prochaines élections », a indiqué de son côté la députée Sirikanya Tansakun, un temps pressentie dans les médias pour prendre le rôle. 

Le Parti du peuple conserve la couleur orange de son prédécesseur « Move Forward » (MFP), ainsi qu’un logo triangulaire similaire. « Nous aimerions être un parti du peuple, pour le peuple, qui puisse faire avancer la Thaïlande pour que le peuple accède au pouvoir », a déclaré le porte-parole Parit Wacharasindhu. Selon le représentant, il existe toujours « la place » pour un débat sur la loi de lèse-majesté.

Le MFP dissous ce mercredi

La proposition phare du MFP de réformer la loi de lèse-majesté, qui protège le roi et sa famille, a donné lieu aux poursuites qui ont fini par conduire à la dissolution du parti et au bannissement durant dix ans de onze dirigeants, dont Pita. Les juges de la Cour constitutionnelle ont voté en ce sens ce mercredi. 

Les Nations unies, les États-Unis et les groupes de défense des droits humains ont dénoncé une décision qui compromet le pluralisme politique au détriment du camp prodémocratie. Plus d’une trentaine de partis ont été dissous ces vingt dernières années en Thaïlande, selon un décompte du MFP et les politiciens locaux sont rodés aux manœuvres pour survivre, dans un climat politique réputé pour son instabilité.

Ses anciens membres ont promis de poursuivre leur engagement prodémocratie

Cet événement avait ouvert un nouveau cycle d’incertitudes dans un royaume divisé, sur fond de renforcement des élites économiques et militaires qui défendent les intérêts de la monarchie. Mais ses anciens membres ont promis de poursuivre leur engagement prodémocratie dans une nouvelle structure, avec l’objectif d’accéder au pouvoir au moment des élections de 2027.

Move Forward était né à la suite de la dissolution de Future Forward, en 2020, qui avait provoqué de grandes manifestations appelant à une refonte en profondeur du système – éteintes par la pandémie et la répression des autorités visant les principales figures du mouvement, selon les groupes de défense des droits. Coqueluche des nouvelles générations, le parti avait remporté les législatives de 2023 sur la base d’un programme de rupture vis-à-vis de la monarchie, de l’armée et des conglomérats, accusés de faire stagner le pays. Mais son leader Pita Limjaroenrat n’a jamais pu accéder au poste de Premier ministre en raison de l’opposition du bloc conservateur, qui a estimé que le mouvement était allé trop loin en proposant de réformer la loi de lèse-majesté.

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