Est de la RDC: le M23 a ressurgi pour des raisons extérieures et non après de violences anti-Tutsi, pointe un rapport

Publié ce mardi 6 août 2024, un rapport d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) affirme que les causes de la résurgence de la rébellion du M23 sont principalement extérieures à la RDC. Et ce, contrairement à ce qu’affirme le Rwanda, principal soutien des rebelles actifs dans la province du Nord-Kivu, selon ce document intitulé « La résurgence du M23 : rivalités régionales, politique des donateurs et blocage du processus de paix ».

Pour l’institut de recherche Ebuteli et le GEC, le facteur le plus important de la résurgence du M23 est un sentiment d’isolement de la part du Rwanda. En 2021, l’Ouganda et la RDC se sont rapprochés : économiquement, mais aussi sécuritairement avec une opération militaire contre le groupe armé ADF. Les raisons sont donc dans le contexte régional.

D’après le rapport, Kigali a eu un sentiment d’isolement lorsque les équipes ougandaises avaient lancé les travaux de construction des routes devant relier les provinces du Nord-Kivu et l’Ituri à Kampala. Car cela risquait d’exclure le Rwanda du commerce lucratif entre l’est du Congo et la côte de l’Afrique de l’Est, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa.

« Cela a contribué à donner à Kigali le sentiment d’être marginalisé et de voir ses intérêts menacés », explique le rapport, qui ajoute que le « M23 est apparu comme un moyen pour le Rwanda de projeter son influence contre l’Ouganda ». Un soutien au M23 qui a continué et qui s’est même accentué après la reprise des relations entre Kigali et Kampala en 2022.

« Pas de preuve d’une recrudescence des violences anti-Tutsis avant la résurgence du M23 »

Le Rwanda ne cesse de marteler la raison d’une supposée violence contre les Tutsis en RDC et la menace que représentent les FDLR, un groupe armé à l’origine composé de génocidaire Hutu rwandais. Pourtant, le rapport balaye les affirmations de Kigali. Pour Ebuteli, « il n’y a pas de preuve d’une recrudescence des violences anti-Tutsis avant la résurgence du M23 ».

L’institut note que les principales violences contre des rwandophones ont eu lieu plutôt dans le Sud-Kivu qu’au Nord-Kivu. Quant aux FDLR, leur nombre était en baisse, toujours selon le rapport : environ 700 combattants en 2018 représentant une menace pour les civils de l’est de la RDC.

La faiblesse de l’armée congolaise a aggravé la crise, tout comme le recours aux groupes armés locaux et étrangers

Enfin, le rapport note que la faiblesse de l’État congolais a aggravé cette crise avec une armée pas en mesure « de surmonter cette situation ». Car le 7 novembre 2021, le M23, défait en 2013, lance les offensives sur les flancs nord et ouest du Mont Sabinyo sur demande de Kigali.

Mais au lieu de répondre avec une armée, le gouvernement congolais a eu recours à des entreprises de sécurité privées et à la collaboration avec des groupes armés étrangers et locaux. Or, note le rapport, ces groupes – tout comme le M23 – recrutent principalement sur une base ethnique, ce qui a aggravé les tensions communautaires et régionales.

Côté diplomatique, la réaction internationale a été terne, Kigali n’ayant pas encore subi des sanctions économiques comme le demande Kinshasa. Et la communauté internationale n’a pas empêché l’action du Rwanda par d’autres moyens.

Les deux groupes de recherches suggèrent aux autorités congolaises de réformer le secteur de la sécurité. Les forces armées, « qui servent largement à distribuer des privilèges et extraire des ressources », doivent être transformées en un véritable service public.

SOURCE RFI

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