Prévisions économiques 2024 et 2025 du FMI : Le Sénégal en croissance dynamique malgré une croissance mondiale en berne (Par Dr Thierno Thioune)
Le Fonds monétaire international (FMI) a publié ses prévisions économiques pour 2024 et 2025, qui montrent une croissance mondiale en berne. Selon le FMI, la croissance du PIB mondial devrait atteindre 3,2% en 2024, soit une stabilité par rapport aux prévisions précédentes, et 3,3% en 2025, soit une légère augmentation de 0,1 point de pourcentage. Quid de la croissance projetée du Sénégal comparativement aux pays d’Afrique subsaharienne, aux pays émergents et aux pays avancés ?
Les pays avancés en difficulté : les pays avancés sont particulièrement touchés par la baisse de la croissance économique. Les États-Unis devraient connaître une croissance de 2,6% en 2024, soit une baisse de 0,1 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes, et de 1,9% en 2025, soit une stabilité. Cela signifie qu’en 2024 l’économie américaine devrait croître à un rythme légèrement plus lent que prévu initialement, alors qu’elle devrait maintenir en 2025 un rythme de croissance modéré.
La zone euro afficherait une croissance de 0,9% en 2024, soit une légère augmentation de 0,1 point de pourcentage, et de 1,5% en 2025, soit une stabilité. Donc, en 2024,l’économie de la zone euro devrait croître à un rythme légèrement plus rapide que prévu initialement, cependant, en 2025, elle devrait maintenir un rythme de croissance modéré.
Ainsi, ces pays également appelés économies développées, que sont les États-Unis, la zone euro, le Japon, le Royaume-Uni, ont atteint un niveau élevé de revenu par habitant et sont considérés comme des leaders économiques mondiaux à la pointe de l’innovation et de la technologie.
La baisse de la croissance économique donc dans ces pays peut être expliquée par divers facteurs, tels que :la baisse de la demande intérieure due à une réduction de la consommation des ménages et des entreprises ; la baisse de l’investissement des entreprises et des ménages ; la réduction des exportations due à une baisse de la demande étrangère ; l’augmentation des coûts de production due à une hausse des prix des matières premières ou des salaires.
Les pays émergents et en développement en résistance : le groupe des pays émergents et en développement vont enregistrer une croissance plus soutenue. La croissance de la Chine est attendue à 5,0% en 2024, soit une augmentation de 0,4 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes, et de 4,5% en 2025, soit une stabilité. De ce point de vue, l’économie chinoise devrait croître en 2024 à un rythme plus rapide que prévu initialement, alors qu’en 2025, elle maintiendrait un rythme de croissance modéré.
L’Inde devrait connaître une croissance de 7,0% en 2024, soit une augmentation de 0,2 point de pourcentage, et de 6,5% en 2025, soit une stabilité, c’est-à-dire en 2024 un rythme plus rapide que prévu initialement et en 2025 un rythme de croissance rapide.
Ayant un revenu par habitant inférieur à celui des pays avancés, ces pays, comprenant la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, sont souvent caractérisés par une croissance économique rapide, une population jeune et dynamique, et des ressources naturelles abondantes.
La croissance plus soutenue de ces pays émergents et en développement signifie que ces pays devraient enregistrer une augmentation plus rapide de leur produit intérieur brut (PIB) que les pays avancés.
Cela peut être attribué à plusieurs facteurs, tels qu’une main-d’œuvre abondante et bon marché, qui attire les investissements étrangers et stimule la croissance économique ; des ressources naturelles abondantes, qui peuvent être exploitées pour générer des revenus et stimuler la croissance économique ; une demande intérieure croissante, due à une population en croissance rapide et à une classe moyenne en expansion ; des politiques économiques favorables, telles que des réformes structurelles et des investissements publics dans les infrastructures.
L’Afrique subsaharienne en difficulté : la région afficherait une croissance de 3,7% en 2024, soit une baisse de 0,1 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes, et de 4,1% en 2025, soit une augmentation de 0,1 point de pourcentage.
Le Nigeria va connaître une croissance de 3,1% en 2024, soit une baisse de 0,2 point de pourcentage, et de 3,0% en 2025, soit une stabilité. L’Afrique du Sud devrait connaître une croissance de 0,9% en 2024, soit une stabilité, et de 1,2% en 2025, soit une augmentation de 0,3 point de pourcentage.
Ces prévisions nous renseignent que l’Afrique subsaharienne et ses pays clés devraient connaître une croissance économique modérée à faible dans les années à venir. Donc, la baisse de la croissance en 2024 pour l’Afrique subsaharienne et le Nigeria pourrait être expliquée par le fait que les économies de la région seraient affectées par des facteurs tels que la baisse des prix des matières premières, la faiblesse de la demande mondiale et les incertitudes politiques.
Cependant, la légère amélioration attendue en 2025 se fonderait certainement sur le fait que les économies de la région pourraient commencer à progresser à la faveur notamment des prix des matières premières qui se redressent et la demande mondiale qui s’améliore.
Le Sénégal en croissance forte et dynamique : à la suite de la tenue pacifique de l’élection présidentielle de mars, les perspectives économiques se sont améliorées. La croissance économique du pays devrait atteindre 7,1 % en 2024 et 10,1 % en 2025, avec une inflation qui devrait diminuer et rester dans la fourchette cible de la BCEAO d’ici la fin de l’année 2025.
Cette croissance, supérieure à la moyenne de la région de l’Afrique subsaharienne, laisse remarquer que le Sénégal est en train de se démarquer comme l’un des pays les plus dynamiques de la région.
Ainsi, l’économie du pays parait en bonne santé et les perspectives économiques semblent favorables. Donc, la tenue pacifique de l’élection présidentielle de mars a probablement contribué à améliorer la confiance des investisseurs et des acteurs économiques, ce qui a permis d’améliorer les perspectives économiques.
Cette croissance, attendue à un niveau élevé et considérée comme forte et dynamique, serait soutenue par les investissements dans les infrastructures et les secteurs clés tels que l’agriculture et les services. En outre, la baisse attendue de l’inflation devrait contribuer à une stabilité macroéconomique, ce qui soutiendra à son tour cette croissance économique.
Le commerce international en berne : une croissance de 3,1% en 2024, soit une augmentation de 0,1 point de pourcentage par rapport aux prévisions précédentes, et de 3,4% en 2025, soit une augmentation de 0,1 point de pourcentage constitueraient les principales caractéristiques des flux du commerce international.
Cela signifie que le commerce international devrait connaître une légère amélioration en 2024 et 2024 par rapport aux attentes précédentes. Autrement dit, cette croissance modérée des échanges commerciaux entre les nations devrait rester faible, mais avec une légère accélération. Elle est expliquée par plusieurs facteurs tels que la faiblesse de la demande mondiale, qui peut entraîner une baisse des échanges commerciaux ; la montée des tensions protectionnistes et des barrières commerciales, qui peuvent freiner les échanges commerciaux ; la volatilité des prix des matières premières, qui peut affecter les échanges commerciaux.
Cependant, la légère amélioration attendue en 2024 et 2025 peut être attribuée à des facteurs comme la reprise de la croissance économique dans certaines régions, qui peut entraîner une augmentation des échanges commerciaux ; la mise en place de nouvelles politiques commerciales, qui peuvent favoriser les échanges commerciaux ; l’amélioration de l’environnement des affaires, qui peut encourager les échanges commerciaux.
L’inflation en baisse : elle devrait connaître une baisse à l’échelle mondiale. La hausse des prix à la consommation pourrait atteindre 5,9% en 2024, soit une stabilité, et 4,4% en 2025, soit une baisse de 0,1 point de pourcentage.
Cette stabilité de l’inflation en 2024indiquerait que les prix à la consommation continueront à augmenter, mais à un rythme modéré. Toutefois, en 2025 la baisse de l’inflation indiquerait que les prix à la consommation devraient augmenter à un rythme plus lent, ce qui peut être bénéfique pour les consommateurs et les entreprises.
Cela signifie que l’inflation devrait diminuer en 2025 par rapport à 2024.Cette évolution peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment la stabilité des prix des matières premières qui peut contribuer à une baisse de l’inflation ; la modération de la demande qui peut entraîner une baisse de l’inflation ; la politique monétaire qui peut influencer l’inflation en réduisant les taux d’intérêt ou en injectant de la liquidité dans l’économie.
Cependant, il est important de noter que l’inflation reste à un niveau élevé en 2024, ce qui peut avoir des effets négatifs sur l’économie, tels qu’une baisse de la valeur de l’argent, ce qui peut réduire le pouvoir d’achat des consommateurs ; une augmentation des coûts pour les entreprises, ce qui peut réduire leur profitabilité ; une incertitude pour les investisseurs, ce qui peut affecter les marchés financiers. Bref, les prévisions de l’inflation pour 2024 (niveau élevé) et 2025 (une baisse attendue) devraient conduire à surveiller les effets qu’elle peut avoir sur l’économie.
Au final, les prévisions économiques du FMI pour 2024 et 2025 montrent une croissance mondiale en berne, avec des pays avancés en difficulté et des pays émergents et en développement en résistance. L’Afrique subsaharienne devrait connaître une croissance modérée, tandis que le Sénégal devrait connaître une croissance dynamique soutenue par les investissements dans les infrastructures et les secteurs clés dans un environnement du commerce international et de l’inflation qui devraient connaître une baisse.
Cependant, il est important de noter que ces prévisions économiques soient sujettes à des incertitudes et peuvent être influencées par des facteurs tels que les politiques économiques, les événements géopolitiques et les chocs économiques inattendus.
Dakar, le 22 juillet 2024.
Dr Thierno Thioune
Maître de Conférences Titulaire
Directeur du CREA, UCAD
Chercheur invité à SciencesPo Paris