Plan de transition énergétique en Afrique du Sud, un futur modèle à répliquer?
Lors de la COP 26 l’année dernière, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne s’étaient engagés à soutenir l’Afrique du Sud dans son plan de transition énergétique à hauteur de 8,5 milliards de dollars sur 5 ans. Ce « Partenariat pour une juste transition énergétique » (JETP) a depuis pris forme et sera présenté lors de cette COP 27. Alors que la quasi-totalité de l’électricité du pays est pour l’instant produite à partir du charbon, la réussite de ces financements sera scrutée de près, puisqu’un tel partenariat a vocation à être répliqué dans d’autres pays en développement.
De notre correspondante à Johannesburg, RFI
S’il fonctionne, l’accord sud-africain pourra servir de modèle, alors que les pays du G7 ont déjà annoncé vouloir lancer un partenariat similaire avec l’Inde, le Sénégal, le Vietnam et l’Indonésie.
Pour Daniel Mminele, en charge des négociations pour l’Afrique du Sud, ce financement n’est qu’un début, face aux 85 milliards d’euros dont le pays a besoin sur 5 ans, mais il pourrait permettre d’attirer d’autres fonds.
« Les 8,5 milliards ont été envisagés, dès le début, comme un engagement initial », prévient Daniel Mminele. « Il faudra ensuite mobiliser davantage de ressources, d’origines publiques et privées, au sein des marchés domestiques et internationaux. Et il y a déjà des signes d’intérêt de la part d’autres partenaires qui voudraient participer et soutenir l’Afrique du Sud dans sa transition »
Des contributions « peu avantageuses »
Le plus gros des financements aura pour but de permettre à Eskom, l’entreprise nationale d’électricité, de se tourner vers d’autres sources d’énergie que le charbon, et de planifier la reconversion de ses centrales. Des projets de développement des filières d’hydrogène vert et de véhicules électriques sont aussi prévus.
Mais il s’agit avant tout de prêts concessionnels, alors que moins de 4 % de cette aide prend la forme de subventions, ce que regrette Gaylor Montmasson-Clair de l’institut de recherche TIPS (Trade & Industrial Policy Strategies).
« L’Afrique du Sud a surtout besoin de subventions ou de formes de financements vraiment peu coûteuses. Cela n’aide pas le pays de recevoir des contributions peu avantageuses, avec des taux d’intérêt peu concessionnels. Et la plus grande partie des prêts vont être destinés à Eskom, qui a déjà de gros problèmes de dette. Il n’y a pas de plan pour régler cela. Donc, il faut s’assurer que ce qui ressort du partenariat soutienne bien nos projets, sans les saper. »
Manque de consultations
Les autorités sud-africaines insistent bien sur l’importance du volet de « transition juste », afin de s’assurer que les zones productrices de charbon ne soient pas laissées à l’abandon, comme le craignent les quelque 90 000 personnes qui travaillent dans ces mines.
Mais pour Thandile Chinyavanhu, de l’organisation Greenpeace, toutes ces politiques manquent de consultations : « Ces financements sont plutôt les bienvenus, mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour garantir plus de transparence et pour s’assurer que les travailleurs, la société civile, la société en général ne soient pas exclus des débats et des procédures. »
Par ailleurs, le gouvernement n’exclut pas, à l’avenir, de conserver une part de gaz et de nucléaire dans son mix énergétique de transition.