Sommet de l’Otan: l’Alliance atlantique multiplie les gages de soutien à l’Ukraine

Des avions F-16, des batteries de défense antiaérienne, une « trajectoire irréversible » vers l’adhésion : les pays de l’Otan ont multiplié ce mercredi 10 juillet les gages d’un soutien renforcé à l’Ukraine, au premier jour d’un sommet historique à Washington marqué par les incertitudes politiques, notamment aux États-Unis.

Par : RFI

« La Russie est sur le pied de guerre », avec l’aide de la Chine, de la Corée du Nord et de l’Iran pour son industrie d’armement, a averti le président des États-Unis Joe Biden, lors de ce sommet marquant les 75 ans d’existence de l’Alliance. À cet égard, les dirigeants de l’Otan ont exprimé leurs « profondes préoccupations » face au rapprochement entre la Russie et la Chine et dénoncé le soutien de Pékin à l’effort de guerre russe en Ukraine, selon un communiqué final.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser l’Alliance être distancée », a ajouté Joe Biden d’une voix forte après les interrogations sur son état de santé et sa capacité à défendre les couleurs du camp démocrate à quatre mois de l’élection présidentielle américaine.

Dès avant l’ouverture officielle de leur réunion, plusieurs pays de l’Otan ont annoncé avoir commencé à transférer des avions de combat F-16 à l’Ukraine. Ces appareils, en provenance du Danemark et des Pays-Bas, « voleront dans le ciel ukrainien cet été », a assuré le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

Renforcement de la défense antiaérienne ukrainienne

La Maison-Blanche a de son côté ajouté que la Belgique et la Norvège s’étaient engagées à fournir d’autres appareils à l’Ukraine qui fait face à un barrage croissant de missiles russes contre ses villes et infrastructures. Après avoir fêté en grande pompe la veille au soir à Washington le 75e anniversaire de l’alliance militaire occidentale, les leaders se sont retrouvés au sein du Conseil de l’Atlantique nord, l’organe politique suprême de l’Otan, avant de rejoindre la Maison-Blanche pour un dîner de gala.

Lors de cet événement marqué par un orage, qui a conduit à l’annulation d’un défilé aérien, Joe Biden a comparé l’Alliance transatlantique au quartier de son enfance : « Quand un voisin avait besoin d’aide, vous lui donniez un coup de main, quand des petites brutes menaçaient le quartier, vous interveniez », a-t-il déclaré.

Le président américain avait confirmé mardi soir que les alliés allaient aussi fournir à l’Ukraine un total de cinq systèmes de défense antiaérienne supplémentaires, dont quatre batteries de type Patriot, des missiles sol-air particulièrement efficaces pour intercepter les missiles balistiques russes. L’Allemagne, les Pays-Bas, la Roumanie et l’Italie doivent également y contribuer.

40 milliards d’euros d’aide pour l’année à venir

Plus de deux ans après l’invasion russe de l’Ukraine, les alliés se sont aussi engagés à développer leur industrie de défense, a indiqué ce mercredi 10 juillet le secrétaire général sortant de l’Otan, Jens Stoltenberg. « Ce nouvel engagement envoie au monde un message sans ambiguïté », a souligné sur ce point Joe Biden, se félicitant que 23 pays sur les 32 que compte l’Alliance allaient désormais consacrer 2% de leur produit intérieur brut aux dépenses militaires. Les alliés ont également décidé que leur aide militaire à l’Ukraine pour faire face à la Russie atteindrait au minimum 40 milliards d’euros sur l’année à venir, selon leur déclaration commune.

L’Ukraine souhaitait recevoir une invitation formelle à rejoindre l’Otan, mais devra encore attendre face à l’opposition de plusieurs pays, dont les États-Unis. Les membres de l’organisation sont toutefois d’accord pour reconnaître que l’Ukraine est sur une « trajectoire irréversible » vers son adhésion à l’Alliance atlantique, selon le communiqué final. Pour le chancelier allemand Olaf Scholz, les décisions prises par l’Otan « procurent à l’Ukraine la clarté dont elle a besoin ».

L’OTAN également traversée par des incertitudes

Emmanuel Macron, arrivé ce mercredi, n’a fait aucune déclaration à la presse, malgré les inquiétudes chez ses partenaires européens sur un affaiblissement potentiel de la France après les élections législatives. Le sommet de Washington intervient aussi dans un climat d’incertitudes politiques aux États-Unis, où le président Biden a fait face à une fronde de démocrates le sommant d’abandonner la course à un second mandat en novembre face à Donald Trump.

L’ombre de l’ancien président républicain, qui s’est souvent montré critique de l’Otan et dont certains propos ont semblé fragiliser le principe d’assistance mutuelle prévu par l’article 5 du traité, plane sur le sommet. « Je m’attends à ce que, quel que soit le résultat des élections, les États-Unis restent un allié solide et loyal de l’Otan », a toutefois déclaré mercredi Jens Stoltenberg. Le président finlandais Alexander Stubb n’en a pas moins reconnu que la polarisation aux États-Unis était « très toxique ».

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est également présent au sommet après ses récents déplacements à Moscou et à Pékin, qui ont été très mal perçus notamment à Washington et Bruxelles.

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